Yseulte
Parmi les trèfles d’or et les roses d’émail,
Peinte avec des yeux verts et des cheveux de cuivre
Sur un ciel d’ocre pale, Yseulte clôt le livre,
Dont six noms de princesse ornent l’épais fermail.Sa bouche, où le sang frais luit et perle en corail,
Dit et son fauve amour et son ardeur de vivre.
L’oeil sombre, où flotte un rêve impossible à poursuivre,
A le regard voyant des saintes de vitrail.Aux mornes dévouements, comme aux rimes hardie,
Elle est l’instinct aveugle, elle est la perfidie.
Sa haine est un breuvage au sang des dieux pareil.On sent qu’un rouge amour la brûle et l’incendie,
Et, fleur de feu comme elle, auprès de son orteil,
Flambe et s’épanouit un jaune et clair soleil.
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Jean LORRAIN
Paul Alexandre Martin Duval, dit Jean Lorrain, est un écrivain français à très forte tendance parnassienne, né à Fécamp le 9 août 1855 et mort à Paris le 30 juin 1906.
Jean Lorrain a été l’un des écrivains scandaleux de la Belle Époque, au même titre que Rachilde, Hugues Rebell et Fabrice Delphi. Ses œuvres peuvent... [Lire la suite]
Alchimie
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Plus chaud que la fourneau d'où sort le noir émail,
Le druide a fait fumer un gros engin de cuivre
(Et l'art qu'il déploya n'est point tiré d'un livre ;
Jamais cet atelier ne vit un tel travail).
La braise ayant atteint la rougeur du corail,
Une étrange magie a commencé à vivre.
L'homme fixe la flamme, acharné à poursuivre
L'oeuvre se reflétant dans ses yeux de vitrail.
Alors il contempla la construction hardie
Puis il la surchauffa, d'une torche brandie
Produisant un brasier à nul autre pareil.
Le mage entretenait ce petit incendie
Juste pour le plaisir de tiédir ses orteils
Lorsqu'il ne pouvait point les offrir au soleil.