Voyelles
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,Golfes d’ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides
Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux ;O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges ;
- O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
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Arthur RIMBAUD
Arthur Rimbaud (Jean Nicolas Arthur Rimbaud) est un poète français, né le 20 octobre 1854 à Charleville, dans les Ardennes, et mort le 10 novembre 1891 à l’hôpital de la Conception à Marseille. Lycéen brillant et poète précoce, Arthur Rimbaud excelle dans les compositions latines, parmi lesquelles on trouve ses plus... [Lire la suite]
Voyelles
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Lard noir, Noeud blanc, Gui roux, Mu vert, Rot bleu : cervelles,
Je dirai quelque jour vos offenses brûlantes.
Lard, noir goret joufflu des souches dévorantes
Qui laminent autour des sociétés charnelles,
Salles d'os ; Noeud, noirceurs des porteurs et des jantes,
Lattes des gargotiers, trous blancs, chocs de chandelles ;
Gui, pourpres, robinet, rire des rondibelles
Dans la Lozère ou les adresses nivelantes ;
Mu, cycles, jugements bénins des trains rapides,
Pion des paquets avec leurs blaireaux, pion des rides
Que Dalila imprime en gestes dispendieux ;
Rot, suprême saison et ses penseurs qui changent,
Collèges traversés des Pieuvres et des Anges,
Rot des blaireaux, rayon dominant de Ses Yeux !--
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Vocalisations
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Lard noir, (un blanc), Fruit roux, Pull safran, Pot azur,
Nous saurons au jour dit ta mystification :
Lard, noir oblat trapu d'un lancinant galion
Qui ruminait autour d'un cardinal du mur,
Butoirs d'os ; qui, doublant du malard ou du plan,
Pardons aux paladins, loups blancs, chocs d'abatis ;
Fruit, carmins, tamanoir, riant ainsi qu'on vit
Dans un matin ou dans un cafard pontifiant ;
Pull, codifications, ronds sans fin du corps vain,
Pif du hammam qu'ornait son tatou, pif du fin
Sillon qu'un Simula dans la nuit imprima ;
Pot, finitif charbon aux chansons d'abattoir,
Colons ahurissant Vilains ou Nirvâna,
Pot d'un tatou, rayon bondissant dans Son Voir !--
Gamme
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Do rond, Ré brun, La beau, Mi pulpeux, Fa bigame,
Sol caillouteux, Si mécanique quand il dièse,
Désert fier et sanglant des notes de la gamme,
Qui dira le mystère ambré de leur genèse ?
Ni Musset ni Chopin, ces vomisseurs infâmes,
Ces baladins gantés,ces marchands de sirop !
Ô que je sois voyant comme le père Hugo
Auréolé d’éclairs et de ventres de femmes !
Do cerclé, vieil azur, Sol bouillant de planètes,
Mi graine, sucs puissants, Mi figue et raisins, fêtes,
Fa dons les pieds fangeux stridulent vers le ciel,
La menthe, La mineur, cri des panthères, Ré,
Auburn noir pubescent de splendeur et doré,
Si profond, vain futur, abîme interstitiel !
bnn
Voir
http://sonnets-de-cochonfucius.lescigales.org/voyelles.html