Vous me distes, Maitresse, estant à la fenestre
Vous me distes, Maitresse, estant à la fenestre,
Regardant vers Mont-martre et les champs d’alentour :
La solitaire vie, et le desert sejour
Valent mieux que la Cour, je voudrois bien y estre.A l’heure mon esprit de mes sens seroit maistre,
En jeusne et oraisons je passerais le jour :
Je desfirois les traicts et les flames d’Amour
Ce cruel de mon sang ne pourroit se repaistre.Quand je vous repondy, Vous trompez de penser
Qu’un feu ne soit pas feu, pour se couvrir de cendre :
Sur les cloistres sacrez la flame on voit passer :Amour dans les deserts comme aux villes s’engendre.
Contre un Dieu si puissant, qui les Dieux peut forcer,
Jeusnes ny oraisons ne se peuvent defendre.
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Pierre de RONSARD
Pierre de Ronsard (né en septembre 1524 au manoir de la Possonnière, près du village de Couture-sur-Loir en Vendômois et mort le 28 décembre 1585 au Prieuré de Saint-Cosme en Touraine), est un des poètes français les plus importants du XVIe siècle. « Prince des poètes et poète des princes », Pierre de Ronsard, adepte de... [Lire la suite]
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Trois jeunes tambours
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C'est la fille du roi qui est à la fenêtre ;
Sur la route on entend les trois jeunes tambours
S'en revenant de guerre et beaux comme l'Amour ;
La guerre ? Ils sont contents d'avoir cessé d'y être !
-- Donne-moi, beau garçon, si je peux me permettre,
La rose que tu tiens, douce comme velours.
-- Fille du roi, je veux que vous me donniez pour
La rose, votre coeur, et que j'en sois le maître.
-- Allons, petit tambour, mais qu'oses-tu penser ?
Le roi ne voudra point d'un miséreux pour gendre.
-- Mais j'ai plus de trésors qu'on n'en peut dépenser :
Trois vaisseaux sur la mer, et de l'or à revendre.
-- Joli tambour, viens donc, et nous irons danser.
-- Non, car chez moi m'attend une fille plus tendre.
Tétracéros de sinople
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Maître Tétracéros se tient à sa fenêtre ;
Dans la rue, c’est la fête, on entend les tambours,
Ira-t-il dans la foule en quête de l’Amour ?
Ce soir, il n’y tient pas, un jour prochain, peut-être.
Il n’a jamais laissé Cupidon le soumettre,
Il n’a jamais goûté sa flèche de velours,
Et puis, il avait peur qu’on pût le trouver lourd ;
De son coeur de sinople, il veut être le maître.
Son âme cependant ne cesse d’y penser :
Si d’un homme très sage il devenait le gendre,
Vers la Grande Lumière, il pourrait avancer.
Car, n’ayant pas en lui de sapience à revendre.
Il sait que son esprit n’est pas bien agencé.
Mais changer maintenant de vie... mieux vaut attendre.
Une trinité entre deux eaux
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Trois magiques poissons de ce lac sont les maîtres ;
Lesquels ne font sonner trompettes ni tambours ;
Tu ne les entends point, mais ils ne sont pas sourds,
L’un des trois reconnaît ton visage, peut-être.
Ils règnent sur leurs gens sans les vouloir soumettre,
N’ayant la main de fer ni le gant de velours ;
Ils gouvernent un monde où personne n’est lourd,
J’observe tout un peuple heureux de les connaître.
Ces poissons sagement s’abstiennent de penser,
Ils laissent les noyés aux profondeurs descendre,
L’ondin se divertir et l’ondine danser.
Lorsque nos bâtiments ne seront plus que cendres,
Ils n’auront nul regret du primate insensé ;
Je ne dis pas cela pour faire ma Cassandre.