Vos rigueurs me pressaient d’une douleur si forte…
Vos rigueurs me pressaient d’une douleur si forte
Que si votre présent, reçu si chèrement,
Encore un jour ou deux eût tardé seulement,
Vous n’eussiez obligé qu’une personne morte.Jamais esprit ne fut travaillé de la sorte,
Tout ce que je faisais aigrissait mon tourment,
Et pour me secourir j’essayais vainement
Tout ce que la raison aux plus sages apporte.Enfin, ayant baisé dans ce don précieux
La trace de vos mains et celle de vos yeux,
J’ai repris ma santé plus qu’à demi ravie.Cloris, vous êtes bien maîtresse de mon sort,
Car ayant eu pouvoir de me donner la vie,
Vous avez bien pouvoir de me donner la mort.
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Théophile de VIAU
Théophile de Viau, né entre mars et mai 1590 à Clairac et mort le 25 septembre 1626 à Paris, est un poète et dramaturge français. Poète le plus lu au XVIIe siècle, il sera oublié suite aux critiques des Classiques, avant d’être redécouvert par Théophile Gautier. Depuis le XXe siècle, Théophile de Viau est défini... [Lire la suite]
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Théophile à Roncevaux
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La vallée retentit d'une clameur si forte
Que Charlemagne au loin l'entendit clairement :
Vers l'Espagne il revint, chargé de son tourment,
Puisqu'au fond de son coeur l'espérance était morte.
Jamais un empereur n'a souffert de la sorte.
Ce qu'il voit devant lui, c'est son neveu Roland ;
Ce qu'il voit dans les cieux, c'est Saint Michel volant
Qui dans ses blanches mains l'âme du mort transporte.
L'empereur est courbé, il sent qu'il est bien vieux,
Le gazon est mouillé des larmes de ses yeux
Et la raison lui est plus qu'à demi ravie.
Il s'en remet à Dieu, quant à son propre sort.
Il n'a plus le vouloir de poursuivre sa vie,
Mais ce serait péché de désirer la mort.
Monstrecerf de gueules
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Son plumage est splendide et sa ramure est forte ;
Quand il lance un appel, je l’entends clairement.
Vers son gîte il revient, chargé de son tourment,
Puisqu’il sait que bientôt, la magie sera morte.
C’est un fier cervidé, mais d’une étrange sorte,
Autrefois poursuivi par le comte Roland ;
Il s’enfuit dans les cieux, cet animal volant
Que sans se fatiguer le doux zéphir transporte.
Or, il est fatigué, ce cerf devenu vieux,
Un brouillard inconnu s’installe dans ses yeux,
Son audace lui fut plus qu’à demi ravie.
Il existe un peu moins, tel semble être son sort.
Il ne se souvient plus des plaisirs de sa vie,
Aucun dieu trépassé n’envie un monstre mort.