Poème 'Viens, Déesse de Kupros' de Renée VIVIEN dans 'À l'heure des mains jointes'

Viens, Déesse de Kupros

Renée VIVIEN
Recueil : "À l'heure des mains jointes"

Viens, Déesse de Kupros, et verse
délicatement dans les coupes d’or le
nectar mêlé de joies.
Psappha

Mon orgueil n’a connu que le blâme et l’affront,
Et l’impossible gloire au loin rit et chatoie…
Puisque le noir laurier ne ceindra point mon front,
Remplis la coupe d’or et verse-moi la joie !

Je me couronnerai de pampre, vers le soir.
Grâce au vin bienfaisant qui chante dans les moelles,
Je me verrai marcher vers l’azur et m’asseoir
Parmi les Dieux, devant le festin des étoiles.

Verse le vin de Chypre et le vin de Lesbos,
Dont la chaude langueur sourit et s’insinue,
Et, l’heure étant sacrée au roux Dionysos,
Prends le thyrse odorant et danse, ardente et nue.

Je bois l’été, le chant des cigales, les fruits,
Les fleurs et le soleil dans le creux de l’amphore ;
Car la nuit du festin est brève entre les nuits
Et le pampre divin se flétrit dès l’aurore.

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Commentaires

  1. Une amphore parle
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    Le bon vin que je porte a vu des soleils luire ;
    Il est tout imprégné de la saveur des jours,
    Buvons à nos santés, buvons à nos amours,
    L’aimable vigneron l’a fait pour nous séduire.

    Les convives, goûtant le pain sorti du four,
    Fredonnent des chansons que je ne peux traduire ;
    Je le regrette un peu, cela pourrait m’instruire,
    Mais j’oublie tout cela quand je chante à mon tour.

    Sachez que le raisin mûrit pour tout le monde
    Dans le vignoble ancien qu’un torrent d’or inonde,
    La parole de Dieu tombant sur lui du ciel.

    L’amphore se souvient de la vigne première
    Que vendangeait Adam sous la grande lumière,
    Le vin de cette époque est doux comme le miel.

  2. L’amphore de Diogène
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    Acceptant tour à tour la joie et la douleur,
    Le sage en un logis plutôt précaire habite ;
    Mais sa vieillesse est digne et n’est pas décrépite,
    Endurant sans broncher le froid ou la chaleur.

    Ce citoyen de Grèce est homme de valeur,
    Aussi dans sa poitrine un noble coeur palpite ;
    La mort s’en vient vers lui sans qu’il s’y précipite,
    Qu’il traite plaisamment de jeune fille en fleur.

    Il mange calmement sa soupe réchauffée,
    Et sa jeunesse alors lui revient par bouffées ;
    Peut-être qu’en ce temps les dieux le trouvaient beau.

    Le cynique penseur ne croit pas aux présages,
    Mais il lit quelquefois l’amour sur le visage
    D’une muse rêveuse, aux abords d’un tombeau.

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