Vien ça, vien friandelette
Vien ça, vien friandelette,
Vien qu’en esbas amoureux
Ce beau printemps vigoureux,
Ma belle Francinelette,
Nous passions libres de soin,
» Loin des peines importunes,
» Qui volontiers ne sont loin
» Des plus hautaines fortunes.Il n’est rien, qui ne convie
A suyvre la gayeté,
A toute joliveté,
A toute joieuse vie.
Il n’est rien qui à l’amour
Par exemple ne nous somme :
Il ne faut perdre un seul jour,
Qu’en amour on ne consomme.Voy, le ciel rit à la terre
Serenant l’air d’un beau jour :
Voy, la terre fait l’amour
Au ciel, et de soy desserre
De son tresor le plus beau,
Pour doire de son nossage
Etalant le renouveau
De son odoureux fleurage.Les fruitiers de fleurs blanchissent,
Les prés se peignent de fleurs,
Et de flairantes odeurs
Tout l’air embamé remplissent.
Oy les bruyans ruisselets,
Qui clair-coulans trepignotent,
Oy les chantres oyselets,
Qui doucetement gringotent.Voy, les oyseaux s’aparient,
Et du nectar amoureux
Enyvrez (les bien heureux)
Leurs amours dans les bois bruyent.
Voy sur cet arbre à desir
Ces tourtourelles mignardes
Sous un frissoneux plaisir
S’entrebaisoter tremblardes.Voy (tant leur amour est forte)
Comme se voulans mesler
El’ se tachent engouler,
Tachans se faire en la sorte
De deux une seulement.
Voy comme d’un doux murmure
El’ se flatent doucement
Parmy si douce engoulure.Voy, Francine, voy, mignarde,
Ces vignes qui les ormeaux
Lassent de pampreux rameaux.
Voy m’amie, voy, regarde
Le lierre surrampant
Qui de sa tortisse chaisne
Embrasse alentour grimpant
Le tige aymé de ce chesne.Quoy ? mignonne, toute chose
D’amour les dons sentira,
Toute chose en jouïra,
Et nostre amour se repose ?
Quoy ? folle, devant nos yeux
Verrons-nous que tout s’ébate,
Sans que leur jeu gracieux
A mesme plaisir nous flate ?Qu’à plaisir tout se delie
Devant nos yeux, et que nous
Voyant leur plaisir tant doux
Crevions de jalouse envie,
Sans qu’employer nous osions
Le temps que la mort nous lesse,
Oysifs, sans que nous usions
Des dons de nostre jeunesse ?
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Jean-Antoine de BAÏF
Jean-Antoine de Baïf, né à Venise le 19 février 1532, de mère inconnue, et mort à Paris le 19 septembre 1589, est un poète français. Fils de Lazare de Baïf, Jean-Antoine de Baïf, ami de Pierre de Ronsard et membre de la Pléiade, se distingue comme le principal artisan de l’introduction, en France, d’une... [Lire la suite]
- Or voy-je bien qu'il faut vivre en servage
- Quand le pilot voit le nord luire ès cieux
- Vien ça, vien friandelette
- Quiconque fit d'Amour la pourtraiture
- Helas, si tu me vois constant en inconstance
- Durant l'esté, par le vergier grillé
- Ha, que tu m'es cruelle
- Psaume VI
- Ô Toy par qui jour et nuit je soupir
- Psaume V
- Mets-moi dessus la mer d'où le soleil se... (5)
- Quiconque fit d'Amour la pourtraiture (3)
- De Rose (3)
- Ces yeux ces yeux, doux larrons de mon ame (3)
- Un jour, quand de lyver l'ennuieuse froidure (2)
- Quand le pilot voit le nord luire ès cieux (2)
- Du Printemps (2)
- Depuis qu'Amour ma poitrine recuit (2)
- A Meline (2)
- Quand je te vis entre un millier de Dames (1)
Commentaires
Aucun commentaire
Rédiger un commentaire