Vers dorés
L’art ne veut point de pleurs et ne transige pas,
Voilà ma poétique en deux mots : elle est faite
De beaucoup de mépris pour l’homme et de combats
Contre l’amour criard et contre l’ennui bête.Je sais qu’il faut souffrir pour monter à ce faîte
Et que la côte est rude à regarder d’en bas.
Je le sais, et je sais aussi que maint poète
A trop étroits les reins ou les poumons trop gras.Aussi ceux-là sont grands, en dépit de l’envie,
Qui, dans l’âpre bataille ayant vaincu la vie
Et s’étant affranchis du joug des passions,Tandis que le rêveur végète comme un arbre
Et que s’agitent, – tas plaintif, – les nations,
Se recueillent dans un égoïsme de marbre.
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Paul VERLAINE
Paul Marie Verlaine est un poète français, né à Metz le 30 mars 1844 et mort à Paris le 8 janvier 1896. Paul Verlaine est avant tout le poète des clairs-obscurs. L’emploi de rythmes impairs, d’assonances, de paysages en demi-teintes le confirment, rapprochant même, par exemple, l’univers des Romances sans paroles des plus... [Lire la suite]
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