Vent nocturne
Sur la mer maritime se perdent les perdus
Les morts meurent en chassant des chasseurs
dansent en rond une ronde
Dieux divins ! Hommes humains !
De mes doigts digitaux je déchire une cervelle cérébrale.
Quelle angoissante angoisse
Mais les maîtresses maîtrisées ont des cheveux chevelus
Cieux célestes
terre terrestre
Mais où est la terre céleste ?
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Robert DESNOS
Robert Desnos est un poète français, né le 4 juillet 1900 à Paris et mort du typhus le 8 juin 1945 au camp de concentration de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie à peine libéré du joug de l’Allemagne nazie. Autodidacte et rêvant de poésie, Robert Desnos est introduit vers 1920 dans les milieux littéraires modernistes et... [Lire la suite]
Dérive urbaine
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La licorne est à Rome ainsi qu'au Labyrinthe ;
Elle avait fui les champs qui grouillaient de chasseurs,
Mais pour quitter la ville, aura-t-elle un passeur ?
Elle suit les trottoirs, son coeur est plein de crainte.
Elle foule à présent la terre vaticane
Et c'est déjà le soir, l'heure entre chien et loup
Qu'illustrent les exploits du Père Dupanloup.
Licorne, méfie-toi, si tu vois sa soutane.
La licorne soudain revoit son copain Pierre
(Qu'elle avait fréquenté sous le nom de Merlin) ;
Il trône en majesté aux monts capitolins...
Sauf que ce n'est pas lui : c'est sa statue de pierre.
Déesse et démon
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Démon-loup, déesse-licorne,
Vous dansez au jardin qui s'orne
D'un Arbre, et non pas d'une Croix ;
Vous en délimitez les bornes.
Emplumé nocturne
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Lorsque la lune est pleine,
Tu me vois, tu souris ;
Je traque les souris,
Leur âme est dans la peine.
Leur défaite est certaine,
Leurs espoirs sont taris ;
Car plus d’une a péri,
Tant pis pour ces vilaines.
La vie n’est pas un jeu ;
Tu t’en doutais un peu,
Toi qui es philosophe.
Ce n’est pas un roman,
Ça n’en a pas l’étoffe ;
On avance en ramant.
* * *
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Un oiseau de nuit,
Son insomnie quelquefois
L'éveille en plein jour.
Voir
https://paysdepoesie.wordpress.com/2014/04/06/derive-urbaine/
Sagesse nocturne
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J’erre dans un cosmos sans bornes,
Je suis rarement à l’arrêt ;
Je m’endors quand le jour paraît,
À l’heure où chante la litorne.
Ma sagesse n’a rien de morne,
Je suis un seigneur des forêts ;
Je suis plus savant qu’un goret
Et presque autant qu’une licorne.
Je suis à l’image de Dieu,
Sauf que je suis beaucoup moins vieux,
Lui qui devient dur de la feuille.
Cet univers, c’est ma maison ;
De l’admirer j’ai bien raison,
Et tous les vivants qu’il accueille.
Vents contraires
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Les vents sont changeants, quelquefois,
Entre eux surgit la zizanie ;
L’atmosphère a d’étranges lois,
Fort instable est son harmonie.
L’un veut le chaud, l’autre le froid,
Car leurs forces sont désunies ;
Ils font un peu n’importe quoi,
La logique en semble bannie.
Aucun vent ne suit nos désirs,
Mais seulement son bon plaisir ;
Ils s’expriment sans retenue.
Aimons la pluie et le beau temps,
Aimons les forces inconnues ;
Que vive ce monde flottant !
no pasaran !!!
Ermitage ambulant
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Au hasard de la route j’erre,
Le but sera ce qu’il sera ;
Les besoins, Dieu y pourvoira,
Ça ne nous préoccupe guère.
Je découvre d’étranges terres
Où jamais rien ne poussera ;
Mais la sagesse y nourrira
L’âme d’un moine solitaire.
Aussi, qu’importent les dangers,
Le Créateur est mon berger ;
De nul mal je ne me tourmente.
Les astres enchantent mes nuits,
Ces témoins qui jamais ne mentent ;
Ils montrent la voie, je la suis.
Voile dans le vent
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La nef prend le vent quelquefois,
Qui de sa voilure est munie ;
Le vent nous propulse, et la foi,
Et notre mâture bénie.
Ce sont des mâts du meilleur bois,
Venus des Provinces-Unies ;
Notre reine en a fait le choix
Au prix de quelques insomnies.
Le vent, tu ne peux le saisir
Et moins encore le choisir ;
Et nous l’utilisons, pourtant.
Il fait la pluie et le beau temps :
Il s’enfle et puis il diminue,
Presque plus rien, brise ténue.
Le vent s'en va.