Valvins
Si tu veux dénouer la forêt qui t’aère
Heureuse, tu te fonds aux feuilles, si tu es
Dans la fluide yole à jamais littéraire,
Traînant quelques soleils ardemment situésAux blancheurs de son flanc que la Seine caresse
Émue, ou pressentant l’après-midi chanté,
Selon que le grand bois trempe une longue tresse,
Et mélange ta voile au meilleur de l’été.Mais toujours près de toi que le silence livre
Aux cris multipliés de tout le brut azur,
L’ombre de quelque page éparse d’aucun livreTremble, reflet de voile vagabonde sur
La poudreuse peau de la rivière verte
Parmi le long regard de la Seine entr’ouverte.
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Paul VALÉRY
Ambroise Paul Toussaint Jules Valéry est un écrivain, poète, philosophe et épistémologue français, né à Sète (Hérault) le 30 octobre 1871 et mort à Paris le 20 juillet 1945. Né d’un père d’origine corse et d’une mère génoise, Paul Valéry entame ses études à Sète (alors orthographiée Cette) chez les... [Lire la suite]
Si tu veux composer un sonnet qui s'aère,
Fais-le sans réfléchir, fais-le décontracté
Sans y mettre, surtout, nul effet littéraire,
Fais-le comme un refrain négligemment chanté.
L'esprit, se souvenant d'une ancienne caresse,
Compose un petit air au soleil de midi ;
Et le public reprend ces quelques mots qu'il tresse
Et que jusqu'ici nul rhapsode n'avait dits.
Quant au sens qu'un quatrain ou qu'un tercet délivre,
Il n'en aura pas plus que l'uniforme azur,
pas plus qu'un graffiti sur la tranche d'un livre.
Car ce n'est qu'un reflet léger qui tremble sur
La pelouse qu'avril s'occupe à rendre verte,
Que la rumeur des voix par la porte entrouverte.
Tout à fait d'accord et bien joliment dit. Pas mal, ce "reflet leger" du sonnet de P. VALERY.
Voir
https://paysdepoesie.wordpress.com/2013/08/14/paul-voit-une-foret/