Valse
I
Loin du bal, dans le parc humide
Déjà fleurissaient les lilas ;
Il m’a pressée entre ses bras.
Qu’on est folle à l’âge timide !Par un soir triomphal
Dans le parc, loin du bal,
Il me dit ce blasphème :
« Je vous aime ! »Puis j’allai chaque soir,
Blanche dans le bois noir,
Pour le revoir
Lui mon espoir, mon espoir
Suprême.Loin du bal dans le parc humide
Qu’on est folle à l’âge timide !II
Dans la valse ardente il t’emporte
Blonde fiancée aux yeux verts ;
Il mourra du regard pervers,
Moi, de son amour je suis morte.Par un soir triomphal
Dans le parc, loin du bal
Il me dit ce blasphème :
« Je vous aime ! »Ne jamais plus le voir…
A présent tout est noir ;
Mourir ce soir
Est mon espoir, mon espoir
Suprême.Dans la valse ardente il l’emporte
Moi, je suis oubliée et morte.Époque perpétuelle
Inscriptions cunéiformes,
Vous conteniez la vérité ;
On se promenait sous des ormes,
En riant aux parfums d’été ;Sardanapale avait d’énormes
Richesses, un peuple dompté,
Des femmes aux plus belles formes,
Et son empire est emporté !Emporté par le vent vulgaire
Qu’amenaient pourvoyeurs, marchands,
Pour trouver de l’or à la guerre.La gloire en or ne dure guère ;
Le poète sème des chants
Qui renaîtront toujours sur terre.
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Charles CROS
Charles Cros, né à Fabrezan (Aude) le 1er octobre 1842, originaire d’une famille de Lagrasse (Aude) et mort à Paris le 9 août 1888, est un poète et inventeur français. Passionné de littérature et de sciences, il fut un temps, de 1860 à 1863, professeur de chimie à l’Institut parisien des Sourds-Muets, avant de se... [Lire la suite]
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