Une résurrection
Autrefois, un pauvre arbre, au coin d’une prairie,
M’avait toujours frappé les yeux
Par son dénudé soucieux
Et par l’air écrasé de sa sommeillerie.Or, après bien des ans, ce soir, je le retrouve.
Et, c’est un ébahissement
Tout mêlé d’attendrissement.
Comme un trouble ravi qu’à son aspect j’éprouve.Car, maintenant, pour l’oeil, le serpent de la sève
Qui tette les rameaux, les étouffe et s’y tord,
Le gui, lui rend la vie en aggravant sa mort !Et l’arbre repommé, débrouillassé d’ennuis,
Gaillardement vert jaune, orgueilleux se relève,
Semblant tout revêtu d’un feuillage de buis.
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Maurice ROLLINAT
Maurice Rollinat, né à Châteauroux (Indre) le 29 décembre 1846 et mort à Ivry-sur-Seine le 26 octobre 1903, est un poète français. Son père, François Rollinat, était député de l’Indre à l’Assemblée constituante en 1848 et fut un grand ami de George Sand. Issu d’un milieu cultivé, Rollinat se met très... [Lire la suite]
Miroitement
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Le lion et ses reflets dansent dans la prairie,
Je n’ai jamais vu ça, je n’en crois pas mes yeux.
Un mouton, d’ordinaire, est présent en ce lieu,
Mais il reste, aujourd’hui, près de la bergerie.
Des oiseaux de sinople, où le vent les charrie,
Traversent le pays, criant à qui mieux mieux.
Vers ce beau pâturage, ils descendent des cieux,
On dirait que leur chair est grassement nourrie.
Un reflet s’agrandit, se déforme et se tord,
Un oiseau vert sursaute et pousse un cri de mort
Qu’un vieil arbre perçoit au profond de sa sève.
Tais-toi donc, dit le lion, nous aurions des ennuis ;
L’oiseau, perdant sa voix face au reflet qui luit,
Prend son cap sur le nord, et dans les airs s’enlève.