Une gravure fantastique
Ce spectre singulier n’a pour toute toilette,
Grotesquement campé sur son front de squelette,
Qu’un diadème affreux sentant le carnaval.
Sans éperons, sans fouet, il essouffle un cheval,
Fantôme comme lui, rosse apocalyptique
Qui bave des naseaux comme un épileptique.
Au travers de l’espace ils s’enfoncent tous deux,Et foulent l’infini d’un sabot hasardeux.
Le cavalier promène un sabre qui flamboie
Sur les foules sans nom que sa monture broie,
Et parcourt, comme un prince inspectant sa maison,
Le cimetière immense et froid, sans horizon,
Où gisent, aux lueurs d’un soleil blanc et terne,
Les peuples de l’histoire ancienne et moderne.
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Charles BAUDELAIRE
Charles Pierre Baudelaire est un poète français, né à Paris le 9 avril 1821 et mort le 31 août 1867 à Paris. Il est l’un des poètes les plus célèbres du XIXe siècle : en incluant la modernité comme motif poétique, il a rompu avec l’esthétique classique ; il est aussi celui qui a popularisé le poème en... [Lire la suite]
Un chevalier joyeux
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Ce rieur chevalier s'en va vers la guinguette
Goûter le vin doré de l'hôtesse coquette ;
Lui qu'on nomme parfois « museau de carnaval »,
Il offre à boire à tous, et même à son cheval.
Et, cette année aussi, le vin est fort goûteux :
Ces braves compagnons me l'ont dit tous les deux.
Ça fait une lueur dans le corps, qui flamboie,
C'est pour chanter la vie, c'est pour se mettre en joie.
Vers le soir, regagnant leur petite maison,
Ils verront s'élever la lune à l'horizon
Par-dessus le jardin au feuillage un peu terne :
Trinquons, se diront-ils, avec cette lanterne.