Poème 'Une gravure fantastique' de Charles BAUDELAIRE dans 'Les Fleurs du Mal'

Une gravure fantastique

Charles BAUDELAIRE
Recueil : "Les Fleurs du Mal"

Ce spectre singulier n’a pour toute toilette,
Grotesquement campé sur son front de squelette,
Qu’un diadème affreux sentant le carnaval.
Sans éperons, sans fouet, il essouffle un cheval,
Fantôme comme lui, rosse apocalyptique
Qui bave des naseaux comme un épileptique.
Au travers de l’espace ils s’enfoncent tous deux,

Et foulent l’infini d’un sabot hasardeux.
Le cavalier promène un sabre qui flamboie
Sur les foules sans nom que sa monture broie,
Et parcourt, comme un prince inspectant sa maison,
Le cimetière immense et froid, sans horizon,
Où gisent, aux lueurs d’un soleil blanc et terne,
Les peuples de l’histoire ancienne et moderne.

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Commentaires

  1. Un chevalier joyeux
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    Ce rieur chevalier s'en va vers la guinguette
    Goûter le vin doré de l'hôtesse coquette ;
    Lui qu'on nomme parfois « museau de carnaval »,
    Il offre à boire à tous, et même à son cheval.

    Et, cette année aussi, le vin est fort goûteux :
    Ces braves compagnons me l'ont dit tous les deux.
    Ça fait une lueur dans le corps, qui flamboie,
    C'est pour chanter la vie, c'est pour se mettre en joie.

    Vers le soir, regagnant leur petite maison,
    Ils verront s'élever la lune à l'horizon
    Par-dessus le jardin au feuillage un peu terne :
    Trinquons, se diront-ils, avec cette lanterne.

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