Un rendez-vous
Dans ce nid furtif où nous sommes,
Ô ma chère âme, seuls tous deux,
Qu’il est bon d’oublier les hommes,
Si près d’eux !Pour ralentir l’heure fuyante,
Pour la goûter, il ne faut pas
Une félicité bruyante ;
Parlons bas.Craignons de la hâter d’un geste,
D’un mot, d’un souffle seulement,
D’en perdre, tant elle est céleste,
Un moment.Afin de la sentir bien nôtre,
Afin de la bien ménager,
Serrons-nous tout près l’un de l’autre
Sans bouger ;Sans même lever la paupière :
Imitons le chaste repos
De ces vieux châtelains de pierre
Aux yeux clos,Dont les corps sur les mausolées,
Immobiles et tout vêtus,
Loin de leurs âmes envolées
Se sont tus ;Dans une alliance plus haute
Que les terrestres unions,
Gravement comme eux côte à côte,
Sommeillons. […]
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
René-François SULLY PRUDHOMME
René Armand François Prudhomme, dit Sully Prudhomme, né à Paris le 16 mars 1839 et mort à Châtenay-Malabry le 6 septembre 1907, est un poète français, premier lauréat du Prix Nobel de littérature en 1901. Fils d’un commerçant, René Armand Prudhomme, qui souhaite devenir ingénieur, fait ses études au lycée Bonaparte,... [Lire la suite]
Deux amants partageant la mémoire et les larmes,
Buvant le chaud et sourd et lent nectar qui bat
Une lourde mesure au sommeil sans ébats,
Contemplateur des ans qui bâtirent le charme.
Un amour clandestin qui ces deux coeurs désarme
Les fixe sur le mur, où ils semblent des bas-
Reliefs, ou des gisants qui ne se touchent pas :
Une épée gît entre eux, invisible est cette arme.
Voir
https://paysdepoesie.wordpress.com/2013/07/28/meredith-again/