Un pouacre
Avec les yeux d’une tête de mort
Que la lune encore décharne,
Tout mon passé, disons tout mon remords,
Ricane à travers ma lucarne.Avec la voix d’un vieillard très cassé,
Comme l’on n’en voit qu’au théâtre,
Tout mon remords, disons tout mon passé,
Fredonne un tralala folâtre.Avec les doigts d’un pendu déjà vert
Le drôle agace une guitare
Et danse sur l’avenir grand ouvert
D’un air d’élasticité rare.» Vieux turlupin, je n’aime pas cela ;
Tais ces chants et cesse ces danses. »
Il me répond avec la voix qu’il a :
» C’est moins farce que tu ne penses,» Et quant au soin frivole, ô doux morveux,
De te plaire ou de te déplaire,
Je m’en soucie au point que, si tu veux,
Tu peux t’aller faire lanlaire ! «
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Paul VERLAINE
Paul Marie Verlaine est un poète français, né à Metz le 30 mars 1844 et mort à Paris le 8 janvier 1896. Paul Verlaine est avant tout le poète des clairs-obscurs. L’emploi de rythmes impairs, d’assonances, de paysages en demi-teintes le confirment, rapprochant même, par exemple, l’univers des Romances sans paroles des plus... [Lire la suite]
Le neveu du charpentier
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Neveu du charpentier, pitoyable démon,
Tu voulais tourmenter les peuples de la Terre ;
Ton ombre volontiers se cache au fond d’un verre
Et vagabonde aussi par les bois et les monts.
Mais ton cousin n’est pas un juge trop sévère,
C’est un seigneur d’amour, un Maître de pardon ;
Nous trouvons la douceur en ses sages sermons,
Et c’est dans bien des cas, le pécheur qu’il préfère.
Ta force tentatrice a du pouvoir sur ceux
Qui par amour du gain deviennent tes complices ;
Mais ils sont en danger d’endurer des supplices.
Ainsi devront souffrir les hommes paresseux.
Et ceux qui trop souvent ont omis d’être braves ;
Mortels, songez-y bien, c’est une chose grave.