Poème 'Un point, c’est tout !' de thiolliere

Dans les milliards d’univers
qui fuient aux confins de l’ombre,
dans les milliards de lumières,
les nébuleuses sans nombre,
qu’est-ce que notre galaxie ?
Un vers luisant obscurci,
un bref éclair, juste un point
qui se perd dans le lointain,
oublié du Manitou,
un point, c’est tout.

Dans le grand bal des étoiles
qui dansent comme un espoir,
comme des filles sans voile
ignorantes du trou noir,
qu’est-ce donc que le soleil ?
Perdu dans la nébuleuse,
la dernière des abeilles,
la moins belle des valseuses,
que l’on ne voit pas du tout,
un point, c’est tout.

Dans ce coin de la planète
ronde et qui n’a pas de coin,
où personne ne s’arrête,
sur la carte, juste un point,
qu’est-ce donc que ce village
où l’on n’accède qu’à pied ?
Juste un point sur le pliage
de cette carte en papier,
quelque part dans le Poitou,
un point, c’est tout.

Parmi les milliards d’humains
courant dans la fourmilière,
les chinois et les germains,
les marins, les infirmières,
que suis-je avec mes deux bras,
mon cerveau et mon derrière ?
Un singe dans l’embarras
pris entre demain et hier,
juste un point dans le grand Tout,
un point, c’est tout.

Et pourtant s’il faut se battre
pour prouver que je suis là,
je veux bien me mettre en quatre
et chanter a capella.
Malgré les siècles passés
qui m’offrent leurs trépassés
en guise de matelas
et les siècles à venir
qui m’offrent de m’endormir
en attendant le trépas,
je lèverai, malgré tout,
mon poing, c’est tout.