Un jour, quand de lyver l’ennuieuse froidure
Un jour, quand de l’yver l’ennuieuse froidure
S’atiedist, faisant place au printems gracieux,
Lorsque tout rit aux champs, et que les prez joyeux
Peingnent de belles fleurs leur riante verdure ;Près du Clain tortueux, sous une roche obscure,
Un doux somme ferma d’un doux lien mes yeux.
Voyci en mon dormant une clairté des cieux
Venir l’ombre enflâmer d’une lumiere pure.Voyci venir des cieux, sous l’escorte d’Amour,
Neuf nymphes qu’on eust dit estre toutes jumelles ;
En rond aupres de moy elles firent un tour.Quand l’une, me tendant de myrte un verd chapeau,
Me dit : Chante d’amour d’autres chansons nouvelles,
Et tu pourras monter à nostre sain coupeau.
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Jean-Antoine de BAÏF
Jean-Antoine de Baïf, né à Venise le 19 février 1532, de mère inconnue, et mort à Paris le 19 septembre 1589, est un poète français. Fils de Lazare de Baïf, Jean-Antoine de Baïf, ami de Pierre de Ronsard et membre de la Pléiade, se distingue comme le principal artisan de l’introduction, en France, d’une... [Lire la suite]
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Oiseaux d’inframonde
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Ici, point de chaleur, ni d’extrême froidure ;
Pas un herbage au sol, pas un nuage aux cieux,
Nul arbre, nulle fleur ne se montre à nos yeux,
L’inframonde n’est pas un havre de verdure.
Des oiseaux, cependant, dans l’atmosphère obscure,
Animent de leur vol les ombres de ces lieux ;
Et moi, j’aime leur chant qui jamais, jusqu’à Dieu,
Ne peut faire monter ses quelques notes pures.
Souvent leurs douces voix s’élèvent tour à tour,
Pour parler de labeur et pour parler d’amour,
Plus douces que le son de deux flûtes jumelles ;
Ils sont les troubadours de ce sombre château,
Si je l’ose, j’irai leur demander, bientôt,
De bien vouloir m’apprendre une chanson nouvelle.
Leçon du cor
——–
Marcheur ne crains pas la froidure,
Car tu es chez toi sous les cieux,
Repose-toi, ferme les yeux,
Fais de beaux rêves de verdure.
Ma musique n’est pas obscure,
Elle est à sa place en ces lieux ;
Elle est la parole de Dieu,
Ou tout au moins, d’une âme pure.
Le cor interrompt son discours ;
Le marcheur reprend son parcours
Qui semble une errance éternelle.
Il s’approche d’un noir château,
Mais c’est une ruine, plutôt,
Où des vestiges s’amoncellent.