Un Feu Distinct…
Un feu distinct m’habite, et je vois froidement
La violente vie illuminée entière…
Je ne puis plus aimer seulement qu’en dormant
Ses actes gracieux mélangés de lumière.Mes jours viennent la nuit me rendre des regards,
Après le premier temps de sommeil malheureux;
Quand le malheur lui-même est dans le noir épars
Ils reviennent me vivre et me donner des yeux.Que si leur joie éclate, un écho qui m’éveille
N’a rejeté qu’un mort sur ma rive de chair,
Et mon rire étranger suspend à mon oreille,Comme à la vide conque un murmure de mer,
Le doute -sur le bord d’une extrême merveille,
Si je suis, si je fus, si je dors ou je veille?
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Paul VALÉRY
Ambroise Paul Toussaint Jules Valéry est un écrivain, poète, philosophe et épistémologue français, né à Sète (Hérault) le 30 octobre 1871 et mort à Paris le 20 juillet 1945. Né d’un père d’origine corse et d’une mère génoise, Paul Valéry entame ses études à Sète (alors orthographiée Cette) chez les... [Lire la suite]
Fantôme d’un feu
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Ce brasier flambe froidement,
Tout entouré de froides pierres ;
Il éclaire un bosquet dormant
Où s’ouvre une sombre clairière.
Ce feu mourut, Dieu sait comment,
Peut-être en manque de matière ;
Nos n’en ferons pas un roman,
La chose n’est point singulière.
À minuit son spectre s’éveille
Et danse, fantôme sans chair,
Pour des spectateurs qui sommeillent.
Il est triste, mais pas amer,
Lui qui faisait tant de merveilles ;
Au loin croasse une corneille.