Un crêpe au bras
L’an dernier, je les vis encor
Le petit frère aimable et rose
Dans sa tunique à boutons d’or
Avec sa soeur que la chloroseEmportait – oh ! bien doucement -
Vers la tombe muette et blanche.
Je les vis en me promenant
Sur le boulevard, le dimancheSuivis de leur père, un monsieur
A barbiche, un vieux militaire,
Qui portait la légion d’honneur
En ruban à la boutonnière.Ils s’en allaient à petits pas
Tous les deux, dans l’allée ombreuse,
La fillette appuyant son bras
Maigriot et sa main fièvreuseSur le bras droit du garçonnet
Qui, tirant deux sous de sa poche,
Allait lui chercher un bouquet
A la marchande la plus proche.Et le père aux cheveux tout gris
Fumait tristement son cigare
Sous les grands marronniers fleuris
Écoutant le concert bizarreDes petits pierrots batailleurs
Quand la petite était trop lasse
Vite, il prenait un des meilleurs
Bancs pour elle, sur la grand’placeEt pas trop tard, avant la nuit,
Tous regagnaient leur domicile
Sans étalage, ni sans bruit,
Au travers du bruit de la ville.Maintenant on peut les revoir
Ils sont deux. Dans la tombe blanche
La soeur dort. Un long crêpe noir
Un crêpe est cousu sur la mancheDe la tunique à boutons d’or
Du petit frère aimable et rose
Et le père est plus triste encor
Dans sa redingote morose.
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guillaumePrevel a ajouté ce poème parmi ses favoris.
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Gaston COUTÉ
Gaston Couté, né à Beaugency le 23 septembre 1880, mort à Paris 10e le 28 juin 1911, est un poète libertaire et chansonnier français. Gaston Couté est le fils d’un meunier. Avant le baccalauréat, il quitte l’école, qu’il détestait. Il est employé comme commis auxiliaire à la Recette générale des impôts... [Lire la suite]
Je ne connaissais pas Gaston COUTE mais à présent que je viens de faire sa connaissance poétique, j'ai l'impression d'avoir trouvé l'un des plus grands poètes maudits.