Tu m’as rendu la veuë, Amour, je le confesse
Tu m’as rendu la veuë, Amour, je le confesse.
De grace que c’estoit à peine je sçavoy,
Et or toute la grace en un monceau je voy,
De toutes parts luisant en ma grande maistresse.Or de voir et revoir ce thresor je ne cesse,
Comme un masson qui a quelque riche paroy
Creusé d’un pic heureux qui recele soubs soy
Des avares ayeux la secrette richesse.Or j’ay de tout le bien la cognoissance entiere,
Honteux de voir si tard la plaisante lumiere :
Mais que gagne je, Amour, que ma veuë est plus claire,Que tu m’ouvres les yeux, et m’affines les sens ?
Et plus je voy de bien, et plus de maulx je sens :
Car le feu qui me brusle est celuy qui m’esclaire.
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Etienne de LA BOETIE
Étienne de La Boétie, né à Sarlat le 1er novembre 1530 et mort à Germignan, dans la commune du Taillan-Médoc, près de Bordeaux le 18 août 1563, était un écrivain français. Fils d’un lieutenant particulier du sénéchal du Périgord, et d’une famille de magistrats, Étienne de la Boétie grandit dans un milieu éclairé.... [Lire la suite]
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