Tu écrivais…
Tu écrivais que tu chassais des ramiers
dans les bois de la Goyave,
et le médecin qui te soignait écrivait,
peu avant ta mort, sur ta vie grave.Il vit, disait-il, en Caraïbe, dans ses bois.
Tu es le père de mon père.
Ta vieille correspondance est dans mon tiroir
et ta vie a été amère.Tu partis d’Orthez comme docteur-médecin,
pour faire fortune là-bas.
On recevait de tes lettres par un marin,
par le capitaine Folat.Tu fus ruiné par les tremblements de terre
dans ce pays où l’on buvait
l’eau de pluie des cuves, lourde, malsaine, amère…
Et tout cela, tu l’écrivais.Et tu avais acheté une pharmacie.
Tu écrivais : « La Métropole
n’en a pas de pareille. » Et tu disais : « Ma vie
m’a rendu comme un vrai créole. »Tu es enterré, là-bas, je crois, à la Goyave.
Et moi j’écris où tu es né :
ta vieille correspondance est très triste et grave.
Elle est dans ma commode, à clef.1889.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Francis JAMMES
Francis Jammes (prononcer [jam] et non [djèms]), né à Tournay (Hautes-Pyrénées) le 2 décembre 1868 et mort à Hasparren (aujourd’hui Pyrénées-Atlantiques) le 1er novembre 1938, est un poète français, également romancier, dramaturge et critique. Il passa la majeure partie de son existence dans le Béarn et le Pays basque,... [Lire la suite]
Commentaires
Rédiger un commentaire