Poème 'Trois Étoiles' de Robert DESNOS dans 'Les Ténèbres'

Trois Étoiles

Robert DESNOS
Recueil : "Les Ténèbres"

J’ai perdu le regret du mal passé les ans.
J’ai gagné la sympathie des poissons.
Plein d’algues, le palais qui abrite mes rêves est un récif
et aussi un territoire du ciel d’orage
et non du ciel trop pâle de la mélancolique divinité.
J’ai perdu tout de même la gloire que je méprise.
J’ai tout perdu hormis l’amour, l’amour de l’amour,
l’amour des algues, l’amour de la reine des catastrophes.
Une étoile me parle à l’oreille :
Croyez-moi, c’est une belle dame
Les algues lui obéissent et la mer elle-même se transforme en robe de cristal
quand elle paraît sur la plage.
Belle robe de cristal tu résonnes à mon nom.
Les vibrations, ô cloche surnaturelle, se perpétuent dans sa chair
Les seins en frémissent.
La robe de cristal sait mon nom
La robe de cristal m’a dit :
« Fureur en toi, amour en toi
Enfant des étoiles sans nombre
Maître du seul vent et du seul sable
Maître des carillons de la destinée et de l’éternité
Maître de tout enfin hormis de l’amour de sa belle
Maître de tout ce qu’il a perdu et esclave de ce qu’il garde encore.
Tu seras le dernier convive à la table ronde de l’amour
Les convives, les autres larrons ont emporté les couverts d’argent.
Le bois se fend, la neige fond.
Maître de tout hormis de l’amour de sa dame.
Toi qui commandes aux dieux ridicules de l’humanité
et ne te sers pas de leur pouvoir qui t’es soumis.
Toi, maître, maître de tout hormis de l’amour de ta belle »
Voilà ce que m’a dit la robe de cristal.

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Commentaires

  1. Lapin de cristal
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    Robert ayant chanté dans les temps de galère
    Gagne la sypathie du lapin transparent
    À qui souvent il dit un poème marrant,
    Un madrigal subtil, une fable légère.

    Le lapin lui apprend l'amour des catastrophes,
    Le sens du minéral, l'humour du végétal ;
    Il lui dévoile aussi son âme de cristal
    Et lui récite un psaume aux immortelles strophes.

    Ils portent tous les deux des boucliers de sable
    Où parfois se reflète une lune d'argent ;
    Les proverbes farceurs que tous deux vont forgeant
    Font rire queques trolls, sans être impérissables.

  2. Fragilité du cristal
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    Conserver du cristal, parfois, c'est la galère ;
    On l'égare parfois, car il est transparent,
    Et puis il se fracture, et ce n'est pas marrant,
    En cas de collision, vois-tu, même légère.

    Ce n'est pas, dit le sage, une vraie catastrophe,
    Puisqu'on devait s'attendre à l'incident fatal :
    Et la plus juste action, pour le deuil d'un cristal,
    C'est d'en faire mention dans une brève strophe.

    Cristal qui traversas les longues nuits de sable,
    Tu savais refléter les grands astres d'argent ;
    Et quand tu n'es plus là, nos coeurs se vont forgeant
    De ton brillant aspect l'image impérissable.

  3. Trois lunes de pourpre
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    Trois lunes dans les cieux, trois augustes flambeaux
    Éclairent le verger aux odeurs de cannelle ;
    On dirait qu’il en tire une force nouvelle,
    Comme font en buvant les enfants au berceau.

    Pas très loin, dans le noir, se dressent des tombeaux
    Où l’on ne voit dormir aucune âme immortelle ;
    Car ils ne sont pas faits pour la gloire éternelle,
    Mais pour l’ombre profonde et le cri des corbeaux.

    Ces morts ont-ils connu les joies de la vieillesse ?
    Quelques-uns sont tombés en leur prime jeunesse,
    Lequel de ces deux sorts est le plus rigoureux ?

    Cette nuit, vainement, j’interroge leur cendre :
    Ont-ils eu du plaisir ? Furent-ils malheureux ?
    Aucun d’eux à parler ne voudra condescendre.

  4. Le seigneur d’Alpha Lupi
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    Je bannis la débauche et toute fantaisie,
    Dans lesquelles jamais tu ne me vis tomber ;
    D’autres monarques sont dans le vice embourbés,
    Mais moi, je les méprise, ils sont dans l’hérésie.

    Je suis très réservé quant à la poésie,
    Mais sans aller jusqu’à d’interdit la frapper ;
    Le sens qu’elle détient persiste à m’échapper,
    Car cette voie, jamais je ne l’aurais choisie.

    J’eus pourtant pour mentor un rhapsode inspiré,
    Je luis obéissais toujours sans murmurer ;
    Je n’ai rien retenu de sa langue érudite.

    Pourquoi prétendait-il que l’homme est un roseau ?
    Pourquoi pas un lombric, pourquoi pas un oiseau ?
    Cependant, d’imposteur à le traiter j’hésite.

  5. Alpha Balaenae
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    La grande étoile émet diverses sortes d’ondes,
    Ainsi que le ferait un quasar vigoureux :
    Autour d’elle tu vois plusieurs planètes blondes,
    La troisième a des fleurs et des fruits savoureux.

    Rien ne vient perturber ces calmes petits mondes
    Qui ont pour habitants des êtres fabuleux ;
    Leurs poèmes sont beaux, leur sagesse est profonde,
    Ils ignorent la guerre (et c’est miraculeux).

    Les démons à ces lieux jamais ne s’intéressent,
    Cela met le système à l’abri des ennuis ;
    Ces gens sont exemptés de tout ce qui te stresse.

    Trois lunes de saphir illuminent leurs nuits,
    Le ciel au-dessus d’eux n’est pas d’un noir funèbre ;
    Et leu âme, non plus, jamais ne s’enténèbre.

  6. .... « leur âme ».

  7. Étoile de sable
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    Je ne vois rien quand je la sonde,
    Malgré mes calculs rigoureux :
    Le ciel qui en lumière abonde
    Ici paraît avoir un creux.

    Pourrait-il s’agir d’un non-monde ?
    D’un métacosmos fabuleux ?
    Ah, mon ignorance est profonde,
    Tout ça me semble nébuleux.

    C’est comme un signal de détresse,
    Ce soleil qui jamais ne luit
    Mais les lois du monde transgresse.

    Mes yeux fixent le ciel de nuit
    Qui me semble un tableau funèbre ;
    J’y cherche l’astre de ténèbres.

  8. * * *
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    Étoile invisible
    Mais nous la voyons en rêve
    Par les sombres nuits.

  9. Soeur Anne ne vois-tu rien venir ?

    Deux trois gouttes ajouté le 16/03/2023 en cours de validation
    Clameurs ajouté le 16/03/2023 en cours de validation
    Elle a ajouté le 18/03/2023 en cours de validation
    Départ imminent ajouté le 02/04/2023 en cours de validation

  10. Planète lente
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    L’espace est clair, la vie est belle,
    Sans se presser passent les jours ;
    Les vivants sont à leurs amours,
    Tièdes sous la voûte éternelle.

    La vie a la vie devant elle,
    Pour tout le temps de son séjour ;
    Naissant ou mourant tour à tour,
    Faisant place à la vie nouvelle.

    La lune admire le soleil,
    L’appelant « astre nonpareil » ;
    Et le ciel autour d’elle est sombre.

    Après le ciel sont d’autres cieux,
    Après l’ombre sont d’autres ombres ;
    J’avance lentement, c’est mieux.

  11. Monstre hésitant
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    J’ignore ma propre nature,
    Venant du ciel, sortant des eaux ?
    Ai-je une cervelle d’oiseau ?
    Je me disperse en conjectures.

    Je sais que je suis immature,
    Un peu moins pensant qu’un roseau ;
    Je sais que mon vilain museau
    Se prête à la caricature.

    Je suis perdu, c’est affligeant,
    J’ai peur de rencontrer des gens ;
    Cette vie n(est pas amusante.

    Mais que m’importent mes douleurs,
    Du moment qu’une fleur plaisante
    M’offre son charme et sa couleur !

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