Tes amants et maîtresses
À Janine
On n’inscrit pas d’initiales à la craie
dans la forêt blanche de l’amour.
Un éternel faucheur efface les tableaux noirs des calculateurs
ville de gélatine complaisante aux araignées tu trembles à ma voix
La fumée tient une grande place dans ma vie.
Et quelque tigre féroce a décalqué
sur ma poitrine le reflet de ses yeux jaunes.
Une enceinte de tabac et d’iris
Voilà la forteresse
du tribunal de la
rivière où voltigent
cent poissons.
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Robert DESNOS
Robert Desnos est un poète français, né le 4 juillet 1900 à Paris et mort du typhus le 8 juin 1945 au camp de concentration de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie à peine libéré du joug de l’Allemagne nazie. Autodidacte et rêvant de poésie, Robert Desnos est introduit vers 1920 dans les milieux littéraires modernistes et... [Lire la suite]
Sagesse de l’ambitigre
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C’est un grand érudit, maître de l’exégèse,
Il sait toujours comment aux sources remonter ;
Les récits de jadis, il peut les raconter,
À l’école déjà je le trouvais balèze.
Il commente à loisir la poésie anglaise,
De chaque oeuvre tragique il voit les bons côtés ;
Même, du coq à l’âne il s’amuse à sauter,
Mêlant habilement la thèse et l’antithèse.
Quand il fut amoureux, sa plume s’égarait,
Car en de tels instants l’esprit se désassemble ;
Il n’a plus ce problème, à ce qu’il me paraît.
Il fait ce qu’il préfère et ce qui bon lui semble ;
Je l’entendis souvent qui des blagues narrait
Pour une tavernière, ils en ont ri ensemble.
Forteresse précaire
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Ici vivent trois égarés,
Trois malheureux rois sans couronne ;
Ils vivent de ce qu’on leur donne,
Ces monarques désemparés.
Dans leur petit jardin carré,
Les récoltes ne sont point bonnes ;
Peu s’en faut qu’ils ne l’abandonnent,
Tant ce courtil est mal barré.
Nul sujet ne leur fut fidèle,
Bientôt s’éteindra leur chandelle ;
Le froid viendra les assaillir.
Les murs abritent leur paresse
Et tous leurs espoirs disparaissent ;
Sans nul doute, ils vont défaillir.