Ta figure douce…
Ta figure douce souffrait.
Tes larmes que j’ai avalées,
petite amie, étaient salées
comme une herbe de marée.Elles m’ont mordu la langue…
Tu t’en allais tristement
prendre l’omnibus lourd et lent,
en pleurant que je m’en aille ;et ta bouche sur ma bouche,
ta tête faisait des sauts,
et tu étais douce
en pleurant doucement…Il y a là sur la fenêtre
des liserons bleus où il a plu.
Ils bougent comme un baiser sur
ta fine et douce tête.Tu ne m’as pas ennuyé.
Les autres m’ont ennuyé.
Mon cœur est triste et ennuyé
comme un ange ennuyé.Les mouches volent aux vitres
pendant que je pense à toi.
Tout est triste comme moi.
Tout est triste.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Francis JAMMES
Francis Jammes (prononcer [jam] et non [djèms]), né à Tournay (Hautes-Pyrénées) le 2 décembre 1868 et mort à Hasparren (aujourd’hui Pyrénées-Atlantiques) le 1er novembre 1938, est un poète français, également romancier, dramaturge et critique. Il passa la majeure partie de son existence dans le Béarn et le Pays basque,... [Lire la suite]
Ta figure douce de Francis Jammes
Ta figure douce souffrait
Tes larmes que j'ai avalées
Petite amie,étaient salées
Comme une jerbe de marée
Elles m'ont mordu la langue...
Tu t'en allais tristement
Prendre l'omnibus lourd et lent,
En pleurant que je m'en aille
Et ta bouche sur ma bouche
Ta tête faisait des sauts
Et tu étais douce
En pleurant doucement
Il y a là sur la fenêtre
Des liserons bleus où il a plu
Ils bougent comme un baisers sur ta fine et douce tête.
Tu ne m'as pas ennuyé.
Les autres m'ont ennuyé.
Mon cœur est triste et ennuyé
Comme un ange ennuyé.
Les mouches volent aux vitres
Pendant je pense à toi.
Tout est triste comme moi.
Tout est triste.