Sur une morte
Elle était belle, si la Nuit
Qui dort dans la sombre chapelle
Où Michel-Ange a fait son lit,
Immobile peut être belle.Elle était bonne, s’il suffit
Qu’en passant la main s’ouvre et donne,
Sans que Dieu n’ait rien vu, rien dit,
Si l’or sans pitié fait l’aumône.Elle pensait, si le vain bruit
D’une voix douce et cadencée,
Comme le ruisseau qui gémit
Peut faire croire à la pensée.Elle priait, si deux beaux yeux,
Tantôt s’attachant à la terre,
Tantôt se levant vers les cieux,
Peuvent s’appeler la Prière.Elle aurait souri, si la fleur
Qui ne s’est point épanouie
Pouvait s’ouvrir à la fraîcheur
Du vent qui passe et qui l’oublie.Elle aurait pleuré si sa main,
Sur son coeur froidement posée,
Eût jamais, dans l’argile humain,
Senti la céleste rosée.Elle aurait aimé, si l’orgueil
Pareil à la lampe inutile
Qu’on allume près d’un cercueil,
N’eût veillé sur son coeur stérile.Elle est morte, et n’a point vécu.
Elle faisait semblant de vivre.
De ses mains est tombé le livre
Dans lequel elle n’a rien lu.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Alfred de MUSSET
Alfred de Musset (né à Paris le 11 décembre 1810 et mort également à Paris le 2 mai 1857) est un poète et un dramaturge français de la période romantique. Lycéen brillant, Alfred de Musset abandonne vite ses études supérieures pour se consacrer à littérature à partir de 1828-1829. Dès l’âge de 17 ans, il fréquente... [Lire la suite]
Commentaires
Aucun commentaire
Rédiger un commentaire