Sur la grand’route
Nous sommes les crève-de-faim
Les va-nu-pieds du grand chemin
Ceux qu’on nomme les sans-patrie
Et qui vont traînant leur boulet
D’infortunes toute la vie,
Ceux dont on médit sans pitié
Et que sans connaître on redoute
Sur la grand’route.Nous sommes nés on ne sait où
Dans le fossé, un peu partout,
Nous n’avons ni père, ni mère,
Notre seul frère est le chagrin
Notre maîtresse est la misère
Qui, jalouse jusqu’à la fin
Nous suit, nous guette et nous écoute
Sur la grand’route.Nous ne connaissons point les pleurs
Nos âmes sont vides, nos coeurs
Sont secs comme les feuilles mortes.
Nous allons mendier notre pain
C’est dur d’aller (nous refroidir) aux portes.
Mais hélas ! lorsque l’on a faim
Il faut manger, coûte que coûte,
Sur la grand’route.L’hiver, d’aucuns de nous iront
Dormir dans le fossé profond
Sous la pluie de neige qui tombe.
Ce fossé-là leur servira
D’auberge, de lit et de tombe
Car au jour on les trouvera
Tout bleus de froid et morts sans doute
Sur la grand’route.
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abcdefgh12345678 et Nanouchkafab44 ont ajouté ce poème parmi leurs favoris.
Gaston COUTÉ
Gaston Couté, né à Beaugency le 23 septembre 1880, mort à Paris 10e le 28 juin 1911, est un poète libertaire et chansonnier français. Gaston Couté est le fils d’un meunier. Avant le baccalauréat, il quitte l’école, qu’il détestait. Il est employé comme commis auxiliaire à la Recette générale des impôts... [Lire la suite]
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