Supplication
Sonnet
Tes yeux, impassibles sondeurs
D’une mer polaire idéale,
S’éclairent parfois des splendeurs
Du rire, aurore boréale.Ta chevelure, en ces odeurs
Fines et chaudes qu’elle exhale,
Fait rêver aux tigres rôdeurs
D’une clairière tropicale.Ton âme a ces aspects divers :
Froideur sereine des hivers,
Douceur trompeuse de la fauve.Glacé de froid, ou déchiré
A belles dents, moi, je mourrai
A moins que ton coeur ne me sauve.
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Charles CROS
Charles Cros, né à Fabrezan (Aude) le 1er octobre 1842, originaire d’une famille de Lagrasse (Aude) et mort à Paris le 9 août 1888, est un poète et inventeur français. Passionné de littérature et de sciences, il fut un temps, de 1860 à 1863, professeur de chimie à l’Institut parisien des Sourds-Muets, avant de se... [Lire la suite]
Vers un autre monde
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La vestale aux douces rondeurs
Menait l’existance idéale
De ceux qu’abrite la splendeur
D’une forteresse ecclésiale ;
C’était un havre de candeur,
Un paradis pour la moniale ;
On n’en sentait pas la fadeur,
Ni la routine un peu triviale.
Mais quand l’arbre redevint vert,
Quand le printemps chassa l’hiver,
Elle rêva d’étreindre un fauve ;
Le cloître n’est plus un rempart,
Nous la voyons sur le départ :
Avec un troll, elle se sauve.
Forteresse aristocratique
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Ici sont des guerriers à la noble ossature,
Leur vaste domicile est un lieu de splendeur ;
Des servantes aussi j’admire la candeur,
Qui ont su demeurer proches de la nature.
Leurs chiens après la chasse ont robuste pâture,
Lesquels à ce moment ne sont jamais grondeurs ;
Ils ont un aumônier, homme tout en rondeurs,
Amateur de musique et de littérature.
Au début du printemps, le parc redevient vert,
Nous faisant oublier la rigueur de l’hiver ;
Les muses du manoir ont des chansons dans l’âme.
Les habitants du lieu s’éloignent des remparts,
De ce nouveau bonheur, chacun trouve sa part ;
Les villageois saluent le Seigneur et la Dame.
Seigneur de la banquise
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Mes vassaux ne sont pas frondeurs,
Ici règne la paix sociale ;
Le cachalot des profondeurs,
Il m’accorde une paix royale.
Mes enfants sont pleins de candeur,
Paisible est ma vie familiale ;
La nuit polaire en sa splendeur
Fait oublier qu’elle est glaciale.
Ici, pas grand-chose de vert,
Jamais de sapins en hiver ;
Bâtie de neige est mon alcôve.
Je n’ai pas construit de remparts,
Sinon quelques glaçons épars ;
En ce lieu, la nature est sauve.