Superbes monuments de l’orgueil des humains
Sonnet
Superbes monuments de l’orgueil des humains,
Pyramides, tombeaux dont la vaine structure
A témoigné que l’art, par l’adresse des mains
Et l’assidu travail, peut vaincre la nature :Vieux palais ruinés, chefs-d’oeuvre des Romains
Et les derniers efforts de leur architecture,
Colisée, où souvent ces peuples inhumains
De s’entr’assassiner se donnaient tablature :Par l’injure des ans vous êtes abolis,
Ou du moins, la plupart, vous êtes démolis ;
Il n’est point de ciment que le temps ne dissoude.Si vos marbres si durs ont senti son pouvoir,
Dois-je trouver mauvais qu’un méchant pourpoint noir,
Qui m’a duré deux ans, soit percé par le coude ?
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Paul SCARRON
Paul Scarron est un poète et écrivain français contemporain de Louis XIII né le 4 juillet 1610 à Paris, mort le 6 octobre 1660 à Paris. Issu de la noblesse de robe, septième enfant de Paul Scarron, conseiller au Parlement de Paris à la cour de comptes, et de Gabrielle Goguet, il entre dans les ordres en 1629. Il vit au Mans de... [Lire la suite]
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Sagesse de Scarron
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Scarron, tu contemplais le labeur des humains
Qui au monde voulaient donner une structure :
Tu vis que tout finit par glisser dans les mains,
Et retourner, sans faute, à l'état de nature.
Horace l'avait dit, le rhapsode romain
Qui prisait sa chanson plus que l'architecture.
Quand s'usent les souliers se creusent les chemins ;
Sans chemin, sans souilers se finit l'aventure.
D'Horace le propos, sans qu'il soit aboli,
Aux pages des bouquins a fortement pâli ;
Classique devenu, on l'oublie, on le boude.
Scarron, ton beau pourpoint fut troué sans espoir
Que l'on pût le recoudre avec un long fil noir ;
Mais tu ris de la chose, et tu lèves le coude.
Manoir de Scarron
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Je me tiens à l’écart de mes frères humains,
J’aime ma maisonnette et son humble structure ;
Tous mes ivres sont presque à portée de mes mains,
Je peux commodément les orner de ratures.
Révisant mon latin dans un missel romain,
Je vois que j’en conserve une faible teinture ;
Je rêve d’être un scribe avec ses parchemins
Ou encore un expert de la littérature.
Je trie mes souvenirs en partie abolis,
Car ma mémoire est comme un verre dépoli ;
Le passé lentement se perd et se dessoude.
Qui croit que la vieillesse est le temps de l’espoir ?
Mais ils sont rassurants, ce modeste manoir
Et le sobre bureau sur lequel je m’accoude.