Souvenirs d’avril
Le rhythme argentin de ta voix
Dans mes rêves gazouille et tinte.
Chant d’oiseau, bruit de source au bois,
Qui réveillent ma joie éteinte.Mais les bois n’ont pas de frissons,
Ni les harpes éoliennes.
Qui soient si doux que tes chansons,
Que tes chansons tyroliennes.Parfois le vent m’apporte encor
L’odeur de ta blonde crinière.
Et je revois tout le décor
D’une folle nuit, printanière ;D’une des nuits, où tes baisers
S’entremêlaient d’historiettes,
Pendant que de tes doigts rosés
Tu te roulais des cigarettes ;Où ton babil, tes mouvements
Prenaient l’étrange caractère
D’inquiétants miaulements,
De mordillements de panthère.*
Puis tu livrais tes trésors blancs
Avec des poses languissantes…
Le frisson emperlait tes flancs
Émus des voluptés récentes.*
Ainsi ton image me suit,
Réconfort aux heures glacées,
Sereine étoile de la nuit
Où dorment mes splendeurs passées.Ainsi, dans les pays fictifs
Où mon âme erre vagabonde,
Les fonds noirs de cyprès et d’ifs,
S’égayent de ta beauté blonde.*
Et, dans l’écrin du souvenir
Précieusement enfermée,
Perle que rien ne peut ternir,
Tu demeures la plus aimée.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Charles CROS
Charles Cros, né à Fabrezan (Aude) le 1er octobre 1842, originaire d’une famille de Lagrasse (Aude) et mort à Paris le 9 août 1888, est un poète et inventeur français. Passionné de littérature et de sciences, il fut un temps, de 1860 à 1863, professeur de chimie à l’Institut parisien des Sourds-Muets, avant de se... [Lire la suite]
Dame des houles
-----------------
Sur l'Armorique une voix
Portée par la brise, tinte
En traversant les grands bois ;
Une voix jadis éteinte.
La mer froide a des frissons ;
Surtout quand du ponant viennent
De la Dame les chansons
Qui d'autrefois se souviennent.
C'est une sirène d'or,
Son dos, sa queue, sa crinière,
Chaque partie de son corps
Est un trésor de lumière.
Chacun de ses mouvements
Dévoile un fort caractère ;
Que seront ses sentiments,
Sinon ceux d'une panthère ?
Ah, si cet être est fictif,
Puisse ma chair vagabonde
Rejoindre son corps lascif,
Baigner dans sa lueur blonde !