Sonnets de la Mort – 12 – Tout s’enfle contre moy
Tout s’enfle contre moy, tout m’assaut, tout me tente,
Et le Monde, et la Chair, et l’Ange révolté,
Dont l’onde, dont l’effort, dont le charme inventé
Et m’abisme, Seigneur, et m’esbranle, et m’enchante.Quelle nef, quel appuy, quelle oreille dormante,
Sans péril, sans tomber, et sans estre enchanté,
Me donras-tu? Ton Temple où vit ta Saincteté,
Ton invincible main, et ta voix si constante ?Et quoy ? Mon Dieu, je sens combattre maintesfois
Encor avec ton Temple, et ta main, et ta voix,
Cest Ange revolté, ceste Chair, et ce Monde.Mais ton Temple pourtant, ta main, ta voix sera
La nef, l’appuy, l’oreille, où ce charme perdra,
Où mourra cest effort, où se rompra ceste onde.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Jean de SPONDE
Jean de Sponde (Joanes Ezponda, en basque), né en 1557 à Mauléon (Pays Basque) et mort le 18 mars 1595 à Bordeaux, est un poète baroque français. Né dans une famille liée à la cour de Navarre, élevé dans un milieu protestant et austère, brillant élève, il reçoit de Jeanne d’Albret, mère de Henri IV, une bourse... [Lire la suite]
- Sonnets de la Mort - 12 - Tout s'enfle...
- Sonnets de la Mort - 02 - Mais si faut-il...
- Sonnets de la Mort - 11 - Et quel bien de la...
- Sonnets de la Mort - 01 - Mortels, qui des...
- Je sens dedans mon ame une guerre civile
- Sonnets de la Mort - 09 - Qui sont, qui sont...
- Je meurs, et les soucis qui sortent du...
- Stances de la mort
- Je contemplois un jour le dormant de ce...
- Mon Dieu, que je voudrois que ma main fust...
- Qui seroit dans les Cieux, et baisseroit...
- Les Toscans batailloyent donnant droit...
- Ne vous estonnez point si mon esprit qui...
- Si j'avois comme vous mignardes colombelles
- Sonnets de la Mort - 07 - Tandis que dedans...
- Ma belle languissait dans sa funeste couche
- Quand je voy les efforts de ce Grand...
- Sonnets de la Mort - 06 - Tout le monde se...
- Si c'est dessus les eaux que la terre est...
- Sonnets de la Mort - 11 - Et quel bien de la... (5)
- Sonnets de la Mort - 12 - Tout s'enfle... (5)
- Je sens dedans mon ame une guerre civile (4)
- Ne vous estonnez point si mon esprit qui... (4)
- Je contemplois un jour le dormant de ce... (4)
- Sonnets de la Mort - 10 - Mais si mon foible... (3)
- Sonnets de la Mort - 04 - Pour qui tant de... (2)
- Sonnets de la Mort - 09 - Qui sont, qui sont... (2)
- Si c'est dessus les eaux que la terre est... (2)
- Je meurs, et les soucis qui sortent du... (2)
Voie sur berge
-----------------
En cette fin d'été, la nature est charmante
Et d'y errer sans fin le rhapsode est tenté ;
Si tu n'existais pas, il faudrait t'inventer,
Grande friche déserte où mille insectes chantent.
Parti tôt le matin de la ville dormante,
Le vieux barde a suivi les sentiers enchantés,
Chemins qu'il est souvent seul à vouloir hanter
Vers le lever du jour, de sa démarche lente.
L'hirondelle tardive y plane maintes fois,
Et la salutation de sa petite voix
Rappelle le penseur à la douceur du monde.
Vous verriez tout cela, si marcher vous vouliez
Du port de Saint-Denis jusqu'en Aubervilliers
Rêvant près du canal, dans les reflets de l'onde.
Monstrueux jongleur
--------------------
Aux ruines du palais, la musique est charmante,
Et d’y passer la nuit le public est tenté ;
Un vieux compositeur ne cesse d’inventer
Des airs bien entraînants que les courtisans chantent.
Leurs fantômes sont là, dans les pierres dormantes,
Celui du barde dit quelques mots enchantés,
C’est un curieux endroit que ce manoir hanté,
Un jongleur inconnu montre une danse lente.
Quelques chauves-souris surviennent maintes fois,
Et la salutation de leur petite voix
Traverse sans souci l’obscurité profonde.
Vous verriez tout cela, si rêver vous vouliez,
Ce songe, par exemple, et d’autres par milliers,
Auprès d’un château mort, non loin d’un inframonde.
Éléphant d’Arcachon
----------------------
L’éléphant d’Arcachon se cache sous sa tente,
Par le bruit d’une fête il n’est jamais tenté ;
Il chante les chansons qu’il lui plaît d’inventer,
Car sitôt qu’ils sont seuls, tous les éléphants chantent.
Il aime fréquenter cette ville dormante
Dont les ducs ont bâti des palais enchantés,
C’est un curieux endroit, c’est un séjour hanté
Par la jeune sirène à la démarche lente.
Les touristes là-bas surviennent maintes fois,
Nul ne prête attention à leurs éclats de voix,
Telle est, de cet endroit, la sagesse profonde.
Pour rejoindre ce lieu, c’est un frêle voilier
Qui vous y porterait, oui, si vous le vouliez,
Mais on peut préférer d’autres parties du monde.
Une explication du texte
Voir
https://paysdepoesie.wordpress.com/2018/09/24/elephant-darcachon/