Sonnets de la Mort – 11 – Et quel bien de la Mort ? où la vermine ronge
Et quel bien de la Mort ? où la vermine ronge
Tous ces nerfs, tous ces os ; où l’Ame se depart
De ceste orde charongne, et se tient à l’escart,
Et laisse un souvenir de nous comme d’un songe ?Ce corps, qui dans la vie en ses grandeurs se plonge,
Si soudain dans la mort estouffera sa part,
Et sera ce beau Nom, qui tant partout s’espard,
Borné de vanité, couronné de mensonge.A quoy ceste Ame, helas ! et ce corps desunis ?
Du commerce du monde hors du monde bannis ?
A quoy ces nœuds si beaux que le Trespas deslie ?Pour vivre au Ciel il faut mourir plustost icy :
Ce n’en est pas pourtant le sentier racourcy,
Mais quoy ? nous n’avons plus ny d’Henoc, ny d’Elie.
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Jean de SPONDE
Jean de Sponde (Joanes Ezponda, en basque), né en 1557 à Mauléon (Pays Basque) et mort le 18 mars 1595 à Bordeaux, est un poète baroque français. Né dans une famille liée à la cour de Navarre, élevé dans un milieu protestant et austère, brillant élève, il reçoit de Jeanne d’Albret, mère de Henri IV, une bourse... [Lire la suite]
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Dans les bois
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Le renard trouve un os, et doucement le ronge ;
C’est un plat savoureux, c’est une riche part,
Un festin que l’on doit savourer à l’écart,
Comme en méditation, comme au ciel, comme en songe.
Notre esprit, lui aussi, en ses plaisirs se plonge ;
Derrière un petit mur ou derrière un rempart,
Perché sur une branche ainsi qu’un léopard,
Ou, plus perversement, sous couvert d’un mensonge.
Le renard, de ses pairs, est souvent désuni :
Comme larron et traître il est des cours banni,
Sans avoir trop d’espoir du pardon de ses fautes.
Ne ressemblez donc point au renard sans merci,
Ayez des commensaux, sans regret, sans souci :
D’un festin partagé la saveur est plus haute.
Voyageur intergalactique
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L’astronaute est en route, et ses instants s’allongent ;
Il a presque oublié le lieu de son départ ;
Des chemins fréquentés il se tient à l’écart,
Cherchant à retrouver un lieu qu’il vit en songe.
Heureux qui comme lui en un cosmos se plonge,
Tel un errant quittant la ville et ses remparts ;
Ou comme les grands rois Balthazar et Gaspard
Qu’une étoile guida, ce n’est pas un mensonge.
Que d’endroits merveilleux dans l’espace infini,
Des cloaques maudits et des jardins bénis ;
Des inframondes, même, aux incroyables hôtes.
Puis, des trous noirs gloutons, des soleils sans merci,
Tantôt dans la douceur, tantôt dans le souci :
L’astronaute s’en va, gardant la tête haute.
j'aime beaucoup le voyageur intergalactique belle plume
Voir
https://paysdepoesie.wordpress.com/2020/03/01/voyageur-intergalactique/
Rongeur vert
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Tous mes aliments, je les ronge,
Car je suis expert en cet art ;
Je le dis, sans être vantard
Et sans me livrer au mensonge.
Dans les grands coffres je me plonge
Ainsi que dans quelques placards ;
J’y vois du fromage, du lard,
Et même de vieilles éponges.
Jamais je ne suis démuni
Quand la taverne de Cluny
M’ouvre sa cave à voûte haute.
Je la dévaste, sans merci ;
Tavernier, fais-toi du souci,
Pour cette nuit je suis ton hôte.