Sonnets de la Mort – 04 – Pour qui tant de travaux ? pour vous? de qui l’aleine
Pour qui tant de travaux ? pour vous? de qui l’aleine
Pantelle en la poictrine et traine sa langueur ?
Vos desseins sont bien loin du bout de leur vigueur
Et vous estes bien pres du bout de vostre peine.Je vous accorde encore une emprise certaine,
Qui de soy court du Temps l’incertaine rigueur ;
Si perdrez-vous enfin ce fruit et ce labeur :
Le mont est foudroyé plus souvent que la plaine.Ces sceptres enviez, ces Tresors debattus,
Champ superbe du camp de vos fieres vertus,
Sont de l’avare mort le debat et l’envie.Mais pourquoi ce souci ? mais pourquoi cest effort ?
Sçavez-vous bien que c’est le train de ceste vie ?
La fuite de la Vie, et la course à la Mort.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Jean de SPONDE
Jean de Sponde (Joanes Ezponda, en basque), né en 1557 à Mauléon (Pays Basque) et mort le 18 mars 1595 à Bordeaux, est un poète baroque français. Né dans une famille liée à la cour de Navarre, élevé dans un milieu protestant et austère, brillant élève, il reçoit de Jeanne d’Albret, mère de Henri IV, une bourse... [Lire la suite]
- Sonnets de la Mort - 12 - Tout s'enfle...
- Sonnets de la Mort - 02 - Mais si faut-il...
- Sonnets de la Mort - 11 - Et quel bien de la...
- Sonnets de la Mort - 01 - Mortels, qui des...
- Je sens dedans mon ame une guerre civile
- Sonnets de la Mort - 09 - Qui sont, qui sont...
- Je meurs, et les soucis qui sortent du...
- Stances de la mort
- Je contemplois un jour le dormant de ce...
- Mon Dieu, que je voudrois que ma main fust...
- Qui seroit dans les Cieux, et baisseroit...
- Les Toscans batailloyent donnant droit...
- Ne vous estonnez point si mon esprit qui...
- Si j'avois comme vous mignardes colombelles
- Sonnets de la Mort - 07 - Tandis que dedans...
- Ma belle languissait dans sa funeste couche
- Quand je voy les efforts de ce Grand...
- Sonnets de la Mort - 06 - Tout le monde se...
- Si c'est dessus les eaux que la terre est...
- Sonnets de la Mort - 11 - Et quel bien de la... (5)
- Sonnets de la Mort - 12 - Tout s'enfle... (5)
- Je sens dedans mon ame une guerre civile (4)
- Ne vous estonnez point si mon esprit qui... (4)
- Je contemplois un jour le dormant de ce... (4)
- Sonnets de la Mort - 10 - Mais si mon foible... (3)
- Sonnets de la Mort - 04 - Pour qui tant de... (2)
- Sonnets de la Mort - 09 - Qui sont, qui sont... (2)
- Si c'est dessus les eaux que la terre est... (2)
- Je meurs, et les soucis qui sortent du... (2)
Ange maudit
-----------------
Ce vieil ange maudit rit comme une baleine,
Nul ne le voit faiblir, ni tomber en langueur,
Car son nouveau statut l’a rempli de vigueur
Et l’état de démon ne lui fait nulle peine.
Je le vois voltiger dans la nuit incertaine ;
Un ange du climat ne craint point la rigueur,
Planer, c’est un plaisir, ce n’est pas un labeur,
L’air est pur au-dessus des vallons et des plaines.
Ces ailes enchantées ont si souvent battu
Qu’elles ont renforcé leur magique vertu ;
Il ne fait pas pitié, ce monstre, il fait envie.
Ignorant les soucis, survivant sans efforts,
L’ange-démon ne sait que penser de la vie,
On peut encore moins lui parler de la mort.
Ange agnostique
----------
L’ange manque de foi, bizarre phénomène,
C’est un penseur sceptique, un rêveur, un blagueur ;
Nul archange du ciel ne lui en tient rigueur,
Il est encore loin de la noirceur humaine.
Je ne vois aucun trouble en son âme incertaine,
Il n’est point abusé par un démon trompeur ;
Son coeur immatériel n’éprouve aucune peur,
Lequel est aussi pur que l’eau d’une fontaine.
Ce noble messager, de lumière vêtu,
Sur de pareils sujets n’a jamais débattu,
Quelque chose me dit qu’il n’en a pas envie.
Ne lui demande pas d’accomplir cet effort,
Qu’il soit imperméable au divin, c’est sa vie,
Lui qui n’a pas besoin de conjurer la mort.