Sonnet sur la moisson d’un lieu proche de Paris
Plaisirs d’un noble ami qui sait chérir ma veine,
Mélanges gracieux de prés et de guérets,
Rustique amphithéâtre où de sombres forêts
S’élèvent chef sur chef pour voir couler la Seine.Délices de la vue, aimable et riche plaine !
On s’en va mettre à bas les trésors de Cérès,
Que l’on voit ondoyer comme un vaste marets
Quand il est agité d’une légère haleine.L’or tombe sous le fer ; déjà les moissonneurs,
Dépouillant les sillons de leurs jaunes honneurs,
La désolation rendent et gaie et belle.L’utile cruauté travaille au bien de tous,
Et notre oeil satisfait semble dire à Cybèle :
Plus le ravage est grand, plus je le trouve doux.
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Marc-Antoine Girard de SAINT-AMANT
Marc-Antoine Girard, sieur de Saint-Amant, né à Grand-Quevilly le 30 septembre 1594 et mort à Paris le 29 décembre 1661, est un poète libertin français. Fils d’un officier de marine, issu d’une famille de marchands protestants, Saint Amant, qui commanda pendant vingt-deux ans une escadre anglaise, n’apprit pas les langues... [Lire la suite]
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Ancre d'or, livre d'argent
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L'ancre d'or est posée sur une verte plaine,
Et le livre d'argent est jeté là, tout près ;
On y lit le destin des nains de la forêt,
Ainsi que la chanson des ondines de Seine.
Je reste à bouquiner, sans fatigue et sans peine,
On m'apporte du vin que j'avale d'un trait ;
Au livre sont aussi quelques jolis portraits
De dames de la cour et de charmantes reines.
Auprès de la plus noble est placé un sonneur
De biniou qu'accompagne (et ce lui est honneur)
Une harpiste fine, avenante et fort belle.
Mais la plus belle image aussi, le savez-vous,
Est la contribution d'un illustrateur fou
Qui de gueules et d'or montre une fleur nouvelle.
Sagesse du lynx
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Le lynx contemplatif a parcouru la plaine,
Observant mille objets, de loin comme de près ;
Lui, seigneur de la steppe et roi de la forêt,
Je sais qu’il garde en paix son âme plus qu’humaine.
Laissant glisser sur lui le plaisir et la peine,
Sur tous les vains désirs il a tiré un trait ;
Il arbore un blason qu’illustre son portrait
Dont tu peux admirer la posture sereine.
Des plus divers gibiers il trouve son bonheur,
C’est pour lui un festin auquel il fait honneur ;
La saison est clémente et la lynxette est belle.
Le fier lynx représente un exemple pour nous,
Car ce grand prédateur est très fort et très doux,
Qui marche lentement sous la lune nouvelle.
Planète Diogandra
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Sur ce globe tu vois des fleuves et des plaines
Que tu voudrais sans doute explorer de plus près ;
Tu aimerais marcher dans les sombres forêts
Où ne fut, jusqu’ici, nulle présence humaine.
Voyageur, n’y va pas, ça n’en vaut point la peine,
Sur un pareil projet tu peux tirer un trait ;
Cette étrange planète a de trompeurs attraits,
Les dangers sont nombreux, l’atmosphère est malsaine.
Va dans un autre lieu pour trouver ton bonheur,
Où l’on est bienvenu si l’on est randonneur ;
Où dans un ciel d’argent volent des hirondelles.
« Ne nous fréquente point, tu recevrais des coups,
Tu en souffrirais fort, ça nous plairait beaucoup »
Ont dit les habitants à la langue cruelle.
Noble moissonneuse
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La châtelaine de Langon
Récolte du blé patagon,
Moitié pour en faire du pain,
Moitié pour nourrir son dragon.