Sonnet sur des mots qui n’ont point de rime
Phylis, je ne suis plus des rimeurs de ce siècle
Qui font pour un sonnet dix jours de cul de plomb
Et qui sont obligés d’en venir aux noms propres
Quand il leur faut rimer ou sur coiffe ou sur poil.Je n’affecte jamais rime riche ni pauvre
De peur d’être contraint de suer comme un porc,
Et hais plus que la mort ceux dont l’âme est si faible
Que d’exercer un art qui fait qu’on meurt de froid.Si je fais jamais vers, qu’on m’arrache les ongles,
Qu’on me traîne au gibet, que j’épouse une vieille,
Qu’au plus fort de l’été je languisse de soif,Que tous les mardi-gras me soient autant de jeûnes,
Que je ne goûte vin non plus que fait le Turc,
Et qu’au fond de la mer on fasse mon sépulcre.
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Marc-Antoine Girard de SAINT-AMANT
Marc-Antoine Girard, sieur de Saint-Amant, né à Grand-Quevilly le 30 septembre 1594 et mort à Paris le 29 décembre 1661, est un poète libertin français. Fils d’un officier de marine, issu d’une famille de marchands protestants, Saint Amant, qui commanda pendant vingt-deux ans une escadre anglaise, n’apprit pas les langues... [Lire la suite]
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De ce siècle il retient le sourire d’Hélène.
Cul de plomb, il lui a tant écrit de sa main
(Au nom propre adressant ces plis de parchemin),
Ou sur poilants albums traçant des cantilènes.
Riche ni pauvre il n’est, il vit sa vie humaine
Comme un porc qui, nourri au fond d’un patelin,
Est si faible que son corps, objet de dédain,
Meurt de froid en allant s’abreuver aux fontaines.
Les ongles tout usés, le poil devenu gris,
Une vieille habitude est en place : il écrit.
De soif, de lassitude, on ne voit rien paraître .
De jeûne il fait hommage à sa Divinité.
Le Turc, heureusement, lui prépare un café ;
Sépulcre, encore un temps ! qu’il se fasse connaître.
Voir aussi
ttps://paysdepoesie.wordpress.com/2013/09/30/de-ce-siecle-il-retient-le-sourire-dhelene/
Retouche :
https://paysdepoesie.wordpress.com/2013/09/30/de-ce-siecle-il-retient-le-sourire-dhelene/
j'ai tres fortement apprecié ce poème et je l'ai utilisé afain de parfaire mes lacune car je suis etudiant en lettre et nous devons redigé 120 ligne sur les poete du 17eme siecle
Le fond de l’air est frais
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Le gyrovague porte un vêtement de laine,
Il tient solidement son bâton dans sa main ;
Il ne désire point s’amuser en chemin,
Éole en ce printemps souffle une fraîche haleine.
Sans partir explorer des provinces lointaines,
Il voudrait changer d’air, voir d’autres patelins ;
Loin d’être cénobite, il n’est qu’un orphelin
Buvant du vin d’auberge ou de l’eau de fontaine.
Il sourit quand il voit les petits ânes gris
Ou les sombres corbeaux dont il aime le cri ;
Il est plein d’allégresse, ou s’efforce de l’être.
Aux feux des voyageurs il sait se réchauffer,
Qui fraternellement lui versent un café,
Eux pour qui tout le monde a les mêmes ancêtres.