Sonnet : Se voir le plus possible…
Se voir le plus possible et s’aimer seulement,
Sans ruse et sans détours, sans honte ni mensonge,
Sans qu’un désir nous trompe, ou qu’un remords nous ronge,
Vivre à deux et donner son coeur à tout moment ;Respecter sa pensée aussi loin qu’on y plonge,
Faire de son amour un jour au lieu d’un songe,
Et dans cette clarté respirer librement -
Ainsi respirait Laure et chantait son amant.Vous dont chaque pas touche à la grâce suprême,
Cest vous, la tête en fleurs, qu’on croirait sans souci,
C’est vous qui me disiez qu’il faut aimer ainsi.Et c’est moi, vieil enfant du doute et du blasphème,
Qui vous écoute, et pense, et vous réponds ceci :
Oui, l’on vit autrement, mais c’est ainsi qu’on aime.
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Alfred de MUSSET
Alfred de Musset (né à Paris le 11 décembre 1810 et mort également à Paris le 2 mai 1857) est un poète et un dramaturge français de la période romantique. Lycéen brillant, Alfred de Musset abandonne vite ses études supérieures pour se consacrer à littérature à partir de 1828-1829. Dès l’âge de 17 ans, il fréquente... [Lire la suite]
Maître crapaud d’azur
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Il se complaît surtout dans son isolement ;
Le traiter de seigneur, ce serait un mensonge,
Légers et sans valeur sont les débris qu’il ronge,
Mais à les savourer il passe un bon moment.
Ce n’est pas un bestiau qui gambade et qui plonge,
Il va bien lentement, il marche comme en songe,
Évitant le soleil, respirant librement,
Et, s’il est amoureux, se montre prude amant.
Il n’est pas insensible à la grâce suprême
D’une dame du bois qui n’est pas sans merci ;
Il sait qu’il restera dans l’ombre, c’est ainsi.
Il vit en évitant le doute et le blasphème,
Lorsque Satan lui parle, il lui répond ceci :
Aimer ce que l’on a, c’est avoir ce qu’on aime.
Chapelle de sable
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Je viens en ce saint lieu quérir l’isolement ,
J’y trouve un réconfort, ce n’est pas un mensonge ;
L’endroit semble abrité des ennuis qui nous rongent,
Il me plaît d’y venir, ne fût-ce qu’un moment.
Ne croyez point qu’alors en oraison je plonge,
Je m’assois simplement, je médite et je songe ;
J’entretiens des pensées qui dansent librement,
Sans former un traité, ni le plan d’un roman.
Nous savons bien qu’il n’est pas de sauveur suprême
Et que bien trop souvent le monde est sans merci ;
Bien des gens ont agi pour qu’il en soit ainsi.
Mais laissons de côté, pour un temps, nos problèmes,
Il n’est pas toujours temps de se mettre en souci,
On doit trouver aussi un temps pour les poèmes.
Sonnet à Madame m.n
Rat qui médite
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J’exerce mon entendement
À l’heure où les ombres s’allongent ;
J’ai des aliments, que je ronge,
Je passe le temps plaisamment.
Dans un souvenir je me plonge,
Lequel me fait l’effet d’un songe ;
C’est du plaisir, c’est du tourment,
C’est intense, et c’est désarmant.
Je veux me connaître moi-même ;
Les résultats sont imprécis,
Pourquoi pas, la vie est ainsi.
Je jongle avec de vieux problèmes,
J’hésite, je suis indécis ;
Je mélange les théorèmes.