Sonnet Renaissance
D’un pas leste et galant sautant hors du bateau,
Un grand seigneur, en très somptueux équipage
Pose ses doigts gantés sur l’épaule du page
Qui porte dans ses bras l’épée et le manteau.Le compliment en vers qu’on remettra bientôt
Est barbouillé par un pédant sur une page,
Et les musiciens en choeur font du tapage
Sous la fenêtre ouverte et sombre du château.De son retrait, la dame entend voix et guitares,
Tandis que sort mari, truste, en proie aux catharres,
Fait dans l’herbe du parc tendre maint piége-à-loups.Mais près du mur, caché dans l’ombre, sur la pierre.
Pour donner un grand coup d’estoc au vieux jaloux,
Le rouge spadassin aiguise sa rapière.
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Jean RICHEPIN
Jean Richepin, né à Médéa (Algérie) le 4 février 1849 et mort à Paris le 12 décembre 1926, est un poète, romancier et auteur dramatique français. Ce poète turbulent, fils d’un médecin militaire originaire d’Ohis (Aisne), eut dans sa jeunesse une réputation de « fort en thème », ce qui lui permit de faire de... [Lire la suite]
Navire en vue
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Un Indien du Ponant voit venir un bateau
Sans pouvoir discerner quel est son équipage ;
Un profil solitaire, aux allures de page,
Se tenant sur le pont, sans cape ni manteau.
Ce navire étonnant doit accoster bientôt,
Le vent venu de l'Est le pousse vers la plage ;
Il glisse sur les eaux sans houle, sans tapage.
Sa poupe est couronnée d'un imposant château.
Indien et voyageuse ont croisé leurs regards.
L'étrangère a saisi un flacon de nectar
Pour en badigeonner la coque du navire,
Et voilà qu'il s'envole avant que d'accoster ;
Sur le blanc littoral, l'homme reste posté,
Voyant fuir loin du sol la trirème en délire.
Nef du port de la lune
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Si tu viens à Bordeaux, que ce soit en bateau
Avec de vieux copains en guise d’équipage.
Auprès de ton hublot, tu liras quelques pages;
Si tu lis sur le pont, couvre-toi d’un manteau.
Si tu vois que la nef doit accoster bientôt,
Dis bonjour de ma part aux oiseaux de la plage ;
Ne fais pas attention à leur joyeux tapage,
Mais regarde la vigne, au loin, sur les coteaux.
Le grand fleuve sera charmé de ton regard,
Les sommeliers d’ici t’offriront leur nectar ;
Les passants vanteront la beauté du navire.
Écris-nous un poème avant que d’accoster ;
Du port ou d’autre part tu pourras le poster
Dans l’enveloppe ornée d’un beau cachet de cire.
Un échanson sur un navire
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La douce odeur du thé embaume le bateau,
C’est pour les passagers, non pas pour l’équipage ;
Les marins de la Reine aiment d’autres breuvages,
La vodka, le whisky, la bière et le porto.
Pour maître tavernier, nous avons le cuistot,
Ce brave Bordelais s’y connaît en cépages ;
Il nous sert volontiers, nous buvons sans tapage,
Il contemple la mer et songe à ses coteaux.
La faveur de Bacchus se lit dans son regard,
Ainsi que la sagesse et le goût du nectar ;
Aussi, nous respectons ce pilier du navire.
Ce tavernier voudrait ne jamais accoster ;
Mais, entendant cela, Neptune a riposté
Qu’au prochain port l’attend la femme qu’il admire.
Voir
https://paysdepoesie.wordpress.com/2020/08/16/un-echanson-sur-un-navire/