Poème 'Sonnet morne' de Jean RICHEPIN dans 'La chanson des gueux'

Sonnet morne

Jean RICHEPIN
Recueil : "La chanson des gueux"

Il pleut, et le vent vient du nord.
Tout coule. Le firmament crève.
Un bon temps pour noyer son rêve
Dans l’Océan noir de la mort !

Noyons-le. C’est un chien qui mord.
Houp ! lourde pierre et corde brève !
Et nous aurons enfin la trêve,
Le sommeil sans voeu ni remord.

Mais on est lâche ; on se décide
À retarder le suicide ;
On lit ; on bâille ; on fait des vers ;

On écoute, en buvant des litres,
La pluie avec ses ongles verts
Battre la charge sur les vitres.

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Commentaires

  1. Septentrion
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    J’aime la lumière du Nord
    Qui baigne l’horizon, sans trêve,
    Où d’immenses nuages rêvent,
    Qui flottent comme du bois mort ;

    Et j’aime aussi le vent qui mord
    En chantant une note brève,
    Et l’averse qui soudain crève
    Le firmament plein à ras bord.

    J’aime l’inspiration limpide
    Qui, dans son passage rapide,
    Vient me dicter ces quelques vers ;

    J’aime, en parcourant un vieux livre,
    Entendre les feuillages verts
    Recevoir l’eau qui les fait vivre.

  2. Duc du mur du Nord
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    Voici le Duc du mur du Nord
    Qui goûte le bon vin, sans trêve :
    Ça lui procure de beaux rêves,
    Mais aussi des rêves de mort ;

    Il ne craint pas le vent qui mord
    Son créneau par rafales brèves,
    Ni l’averse qui parfois crève,
    Emplissant l’étang jusqu’au bord.

    Il aime les boissons limpides,
    Ce n’est pas un buveur rapide,
    Il aime aussi chanter des vers ;

    J’ai lu son nom dans un vieux livre,
    Ce vieux seigneur en habit vert
    Qui m’apprit le plaisir de vivre.

  3. Empereur des quatre mers
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    Ce monarque vit loin des ports,
    Loin des golfes et loin des grèves ;
    Nul ne descendra, même en rêve,
    Vers son palais de marbre et d’or.

    Proche de l’empire des morts,
    Il sait que toute vie est brève ;
    C’est une bulle qui se crève,
    Un coeur fatigué qui s’endort.

    C’est un homme à l’esprit limpide
    Et cependant pas très rapide ;
    Il aime écouter l’univers.

    Tous ses murs sont couverts de livres,
    Mais qui rarement sont ouverts ;
    Car il lui faut le temps de vivre.

  4. Poisson de Leskov
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    J’habite un océan sans bords,
    La vague n’atteint nulle grève ;
    Les villes, je les vois en rêve,
    Avec leur église et leur port.

    En rêve, je rencontre un porc
    Qui compose des chansons brèves ;
    L’écho les répète sans trêve,
    Assourdies par le vent du Nord.

    Pour mes frères, poissons limpides,
    Le temps n’est jamais insipide ;
    La mer est un riche univers.

    Nous ne lisons dans aucun livre,
    Nous ne récitons pas de vers ;
    Car nous nous contentons de vivre.

  5. (Qui a dit « Poisson d'avril ? »)

  6. poison d'avril plutôt!

  7. encore eût- il fallu que je le susse!!!

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