Sonnet d’automne
Ils me disent, tes yeux, clairs comme le cristal :
» Pour toi, bizarre amant, quel est donc mon mérite ? »
- Sois charmante et tais-toi ! Mon coeur, que tout irrite,
Excepté la candeur de l’antique animal,Ne veut pas te montrer son secret infernal,
Berceuse dont la main aux longs sommeils m’invite,
Ni sa noire légende avec la flamme écrite.
Je hais la passion et l’esprit me fait mal !Aimons-nous doucement. L’Amour dans sa guérite,
Ténébreux, embusqué, bande son arc fatal.
Je connais les engins de son vieil arsenal :Crime, horreur et folie ! – Ô pâle marguerite !
Comme moi n’es-tu pas un soleil automnal,
Ô ma si blanche, ô ma si froide Marguerite ?
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Charles BAUDELAIRE
Charles Pierre Baudelaire est un poète français, né à Paris le 9 avril 1821 et mort le 31 août 1867 à Paris. Il est l’un des poètes les plus célèbres du XIXe siècle : en incluant la modernité comme motif poétique, il a rompu avec l’esthétique classique ; il est aussi celui qui a popularisé le poème en... [Lire la suite]
Antilibellule
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C’est l’antilibellule au clair coeur de cristal ;
C’est un insecte sage, armé de grands mérites ;
Elle n’est pas de ceux dont le vol nous irrite,
C’est une âme sans crainte, un paisible animal.
Elle a dans le sous-sol un sosie infernal
Qui s’en extrait parfois pour lui rendre visite ;
Mais en ayant recours à des lois non écrites,
Cet insecte vaillant se garde de tout mal.
Elle n’aura jamais des moeurs de sybarite,
Malgré les suggestions de son double fatal,
Lequel en vain se sert de son vieil arsenal.
Tu as pour camarade une humble marguerite
Qui te voit t’envoler dans le ciel automnal,
Noble antilibellule, insecte de Magritte.
Hippotaure
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L’hippotaure est un roi, son trône est de cristal,
Un éloge en est fait,je crois qu’il le mérite ;
Ce n’est pas un tyran, ni un roi parasite,
Le public l’a placé sur un grand piédestal.
Il a vaincu jadis l’adversaire infernal,
Celui qui pratiquait de diaboliques rites ;
Par un vieux chroniqueur l’histoire en fut écrite,
Qui en avait tenu le fidèle journal.
Spartiate, il ne l’est point, ni non plus sybarite,
Paisibles sont ses nuits, son régime est frugal,
S’il voit un visiteur, il lui parle en égal.
Il fut prince autrefois, cueillant la marguerite,
Osant plus d’une rime et plus d’un madrigal ;
Ces écrits, me dit-on, dans un coffre il abrite.
Hippotaure ... (retouche)
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L’hippotaure est un roi, son trône est de cristal,
Un éloge en est fait, je crois qu’il le mérite ;
Ce n’est pas un tyran, ni un roi parasite,
Le public l’a placé sur un grand piédestal.
Il a vaincu jadis l’adversaire infernal,
Celui qui pratiquait de diaboliques rites ;
Par un vieux chroniqueur l’histoire en fut écrite,
Qui en avait tenu le fidèle journal.
Spartiate, il ne l’est point, ni non plus sybarite,
Paisibles sont ses nuits, son régime est frugal,
S’il voit un visiteur, il lui parle en égal.
Il fut prince autrefois, cueillant la marguerite,
Osant plus d’une rime et plus d’un madrigal ;
Ces écrits, me dit-on, dans un coffre il abrite.
Voir
https://paysdepoesie.wordpress.com/2019/03/25/antilibellule/
Trésor
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Des lingots d’un coûteux métal
Ainsi que deux ou trois pépites ;
Coffre gardé par un ermite
Fort dévot mais un peu vénal.
Craint-il l’adversaire infernal ?
Il le conjure par des rites ;
Il prépare de l’eau bénite
Qu’il conserve dans un bocal.
il n’est nullement sybarite,
Car il a su rester frugal ;
Le luxe, ça lui est égal.
Pour sa servante Marguerite,
Ce n’est qu’un vieil original ;
Rien dans cet homme ne l’excite.