Poème 'Sonnet bouts-rimés' de Théophile GAUTIER dans 'Poésies libertines'

Sonnet bouts-rimés

Théophile GAUTIER
Recueil : "Poésies libertines"

Amis, si vous voulez que je trouve un condor,
M’envoyer de Neuilly jusque dans Eckenfoerde
C’est vouloir à coup sûr que ma peine se perde
Car je ne l’aurais pas, même pour son poids d’or.

Je n’entendis jamais la musique de Spohr,
Et comme à Waterloo Cambronne, je dis « merde »
Tout aussi carrément à Spohr qu’à Monteverde,
Et je m’en vais fumer ma pipe sur le port.

Je regarde la mer qui bouillonne et fait rage,
Rêveur, et ruminant au fond de mon cerveau
Le plan de quelque histoire à dénouement nouveau.

Cependant aux marins échappés du naufrage
Des filles, les bras nus et découvrant leurs seins,
Présentent les tarifs de leurs charmes malsains.

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Commentaires

  1. Quelques triomphes
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    Le palotin fait duc par ses pantoufles d'or :
    Maint courtisan lui voit manières seigneuriales,
    Les plus hardis diront « Mieux que ça, impériales ;
    Un aigle ici n'est pas, mais au moins un condor».

    Poulainé de sinople, un fou l'amuse fort ;
    À descendre son vin, en nul cas il ne cale,
    Pour lui, ne versez point la flotte monacale,
    Avec les matelots laissez-le boire au port.

    Quand au fond de son coeur une ivresse fait rage,
    Il donne libre cours à son vaillant cerveau :
    Il remplit son cahier d'alexandrins nouveaux.

    Est-ce une traversée, un triomphe, un naufrage ?
    Il ne peut pas le dire, il est dubitatif,
    Personne sur le port ne connaît les tarifs.

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