Sonnet : Aux vitraux diaprés…
Aux seuls ressouvenirs
Nos rapides pensers volent dans les étoiles.
THÉOPHILE.Aux vitraux diaprés des sombres basiliques,
Les flammes du couchant s’éteignent tour à tour ;
D’un âge qui n’est plus précieuses reliques,
Leurs dômes dans l’azur tracent un noir contour ;Et la lune paraît, de ses rayons obliques
Argentant à demi l’aiguille de la tour
Et les derniers rameaux des pins mélancoliques
Dont l’ombre se balance et s’étend alentour.Alors les vibrements de la cloche qui tinte
D’un monde aérien semblent la voix éteinte
Qui, par le vent portée, en ce monde parvient ;Et le poète, assis près des flots, sur la grève,
Écoute ces accents fugitifs comme un rêve,
Lève les yeux au ciel et, triste, se souvient.
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Théophile GAUTIER
Pierre Jules Théophile Gautier est un poète, romancier, peintre et critique d’art français, né à Tarbes le 30 août 1811 et mort à Neuilly-sur-Seine le 23 octobre 1872 à 61 ans. Né à Tarbes le 30 août 1811, le tout jeune Théophile garde longtemps « le souvenir des montagnes bleues ». Il a trois ans lorsque sa famille... [Lire la suite]
Fleur de Saint Denis
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Cette fleur a poussé près de la basilique
Au jardin de l’évêque au pied des nobles tours ;
Monseigneur l’aime plus que les saintes reliques,
Il ne se lasse point d’admirer ses atours.
Quelques enfants de choeur à l’arroser s’appliquent,
Les nonnes du couvent lui parlent tour à tour ;
L’herbe de Saint Denis n’est pas mélancolique,
D’autres charmantes fleurs se montrent alentour.
Elle s’endort au son de la cloche qui tinte
En contemplant au ciel la lune presque éteinte ;
Une bénédiction d’une étoile parvient.
Je sais que d’une fleur l’existence est fort brève,
Mais elle dure assez pour nourrir un beau rêve :
Un qui comble le coeur, un dont on se souvient.
La tour archiépiscopale
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L’archevêque en son gîte est-il mélancolique ?
Ce n’est pas un placard, c’est une large tour ;
Un barde y composa des chansons bucoliques,
Cependant qu’une muse ajustait ses atours.
À lire du latin l’archevêque s’applique,
Des auteurs de jadis il veut faire le tour ;
Ses livres sont rangés de façon bordélique,
Des papiers mal triés s’étalent alentour.
Quelle sagesse fut par ce vieillard atteinte ?
Perdu par la lecture, il connut peu d’étreintes,
Mais ce sont des soucis dont à rire il parvient.
Sa plume quelquefois trace une phrase brève
Pour transmettre un écho de la saveur d’un rêve ;
Ce n’est pas tous les jours, c’est quand il s’en souvient.