Sonnet à une Enfant
Tes yeux verts comme l’aube et bleus comme la brume
Ne rencontreront pas mes yeux noirs de tourment,
Puisque ma douleur t’aime harmonieusement,
O lys vierge, ô blancheur de nuage et d’écume !Tu ne connaîtras point l’effroi qui me consume,
Car je sais épargner au corps frêle et dormant
La curiosité de mes lèvres d’amant,
Mes lèvres que l’Hier imprégna d’amertume.Seule, lorsque l’azur de l’heure coule et fuit,
Je te respireri dans l’odeur de la nuit
Et je t reverrai sous mes paupières closes.Portant, comme un remords, mon orgueil étouffant,
J’irai vers le Martyre ensanglanté de roses,
Car mon coeur est trop lourd pour une main d’enfant.
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Renée VIVIEN
Renée Vivien, née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 », est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque. Renée Vivien était la fille d’une mère américaine et d’un père britannique fortuné qui mourut en 1886,... [Lire la suite]
Mélancolique et tendre !
Juxtaposition onirique
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Un ruisseau suit son cours en un matin de brume,
Les licornes d'azur font partir le tourment ;
L'ours avec la sirène échange tendrement,
Un ange se tient droit sur l'océan d'écume.
Un pluvian ne dit pas l'effroi qui le consume,
Un disque d'or produit son fier rayonnement ;
Un mur de briques vient séparer les amants,
Les buveurs attablés s'emplissent d'amertume.
Ce monde, un échiquier dont mainte pièce fuit,
Visité du corbeau une heure avant la nuit,
Quand prie le vieil ermite aux paupières mi-closes.
Pianiste, joue-nous donc un de nos airs d'enfants,
Donne un peu de douceur à ce monde étouffant :
Ne laisse point les boeufs manger toutes les roses.