Sonnet à Madame M. N.
» Je vous ai vue enfant, maintenant que j’y pense,
Fraîche comme une rose et le coeur dans les yeux.
- Je vous ai vu bambin, boudeur et paresseux ;
Vous aimiez lord Byron, les grands vers et la danse. »Ainsi nous revenaient les jours de notre enfance,
Et nous parlions déjà le langage des vieux ;
Ce jeune souvenir riait entre nous deux,
Léger comme un écho, gai comme l’espérance.Le lâche craint le temps parce qu’il fait mourir ;
Il croit son mur gâté lorsqu’une fleur y pousse.
Ô voyageur ami, père du souvenir !C’est ta main consolante, et si sage et si douce,
Qui consacre à jamais un pas fait sur la mousse,
Le hochet d’un enfant, un regard, un soupir.
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Alfred de MUSSET
Alfred de Musset (né à Paris le 11 décembre 1810 et mort également à Paris le 2 mai 1857) est un poète et un dramaturge français de la période romantique. Lycéen brillant, Alfred de Musset abandonne vite ses études supérieures pour se consacrer à littérature à partir de 1828-1829. Dès l’âge de 17 ans, il fréquente... [Lire la suite]
Piaf-Danseur
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Nul ne peut deviner ce que cet oiseau pense,
N’essayons même pas de lire dans ses yeux ;
Il boit en la taverne, il aime bien ce lieu,
Et, dit un chroniqueur, quand il est seul, il danse.
Son coeur n’a point perdu les plaisirs de l’enfance
Ni de l’adolescence, il est pourtant très vieux ;
Pour les jours qu’il lui reste, à la grâce de Dieu,
Il se contente d’être un vieillard sans défense.
Le mal peut l’accabler, la mort peut survenir,
Son âme en aucun cas ce destin ne repousse ;
Il plonge dans un livre ou dans un souvenir.
Jusqu’ici l’existence envers lui fut bien douce,
Qui ne lui donna point de trop fortes secousses ;
Il danse maintenant, qu’importe l’avenir ?
Bouddha qui danse
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Le Bouddha rarement révèle ce qu’il pense,
Mais nous le devinons quand nous fermons les yeux ;
Au coucher du soleil, quand rougissent les cieux,
Nous ne pouvons le voir, mais nous savons qu’il danse.
Le vrai prince charmant qu’il fut dans son enfance
Chante toujours en lui, maintenant qu’il est vieux ;
Sans craindre les regards des hommes ni des dieux,
Il prend quelques plaisirs, respectant les défenses.
Il comprend que du Vide on ne peut revenir,
Mais pour son noble coeur l’impermanence est douce ;
Car un vivant n’est rien qu’un mort en devenir.
C’est un joyeux danseur qui à danser nous pousse
Et à suivre en ce monde un parcours sans secousses ;
Savourant le présent, le passé, l’avenir.
L'enfant prodigue
Pour la garder, en vain il a fait moult dépenses,
Lui reste seulement, pour pleurer, ses deux yeux,
Cela fait dix-huit mois, que son toit, c’est les cieux,
(S’il boit et qu’ils sont clairs, la petite ourse y danse).
Aujourd’hui il rejoint sa demeure d’enfance,
Dans l’espoir d’un pardon de la part de son vieux,
Pour être demeuré lointain et silencieux
Depuis presque dix ans qu’il a quitté la France.
Il n’a pas prévenu qu’il allait revenir,
Pas plus qu’il est ruiné et qu’est partie en douce,
Celle qui aurait dut, sa femme, devenir.
Le vagabond en pleurs, la porte d’entrée pousse,
Quand son père le voit, son cœur a des secousses
D’émotion, puis de battre, en vient à s’abstenir.
misquette.wordpress.com