Sonnet : A Madame ***
Jeune ange aux doux regards, à la douce parole,
Un instant près de vous je suis venu m’asseoir,
Et, l’orage apaisé, comme l’oiseau s’envole,
Mon bonheur s’en alla, n’ayant duré qu’un soir.Et puis, qui voulez-vous après qui me console ?
L’éclair laisse, en fuyant, l’horizon triste et noir.
Ne jugez pas ma vie insouciante et folle ;
Car, si l’étais joyeux, qui ne l’est à vous voir ?Hélas ! je n’oserais vous aimer, même en rêve !
C’est de si bas vers vous que mon regard se lève !
C’est de si haut sur moi que s’inclinent vos yeux !Allez, soyez heureuse ; oubliez-moi bien vite,
Comme le chérubin oublia le lévite
Qui l’avait vu passer et traverser les cieux !
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Alfred de MUSSET
Alfred de Musset (né à Paris le 11 décembre 1810 et mort également à Paris le 2 mai 1857) est un poète et un dramaturge français de la période romantique. Lycéen brillant, Alfred de Musset abandonne vite ses études supérieures pour se consacrer à littérature à partir de 1828-1829. Dès l’âge de 17 ans, il fréquente... [Lire la suite]
Ange félin
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C’est un individu disant peu de paroles
Qui pour méditer va dans le jardin s’asseoir ;
Sur ses ailes planant, vers les forêts il vole,
Il dort l’après-midi, puis s’éveille le soir.
De sagesse, en Egypte, il était un symbole,
Tout spécialement si son pelage était noir;
Un prêtre lui donnait des souris pour obole,
Un scribe l’abritait en son noble manoir.
Il connaît la valeur et les pouvoirs du rêve,
Lui qui reste assoupi quand le soleil se lève ;
Un mandarin, dit-on, voit l’heure dans ses yeux.
Il va jusqu’au Tibet quand un lama l’invite,
Je l’entends ronronner quand ce moine lévite ;
Il sait que ce n’est pas un miracle de Dieu.
Ange interlope
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Nous ne tirons de lui que d’obscures paroles,
Il s’exprime ou se tait selon son bon vouloir ;
Il est discret, toujours, et furtif quand il vole,
Qui le peut discerner dans les lueurs du soir ?
Son oeil peut déchiffrer les arides symboles,
Y compris quand un signe est écrit noir sur noir ;
Il joue de la litote, et non de l’hyperbole,
Lui qui jamais ne porte un message d’espoir.
Il connaît la couleur et le pouvoir des rêves,
Surtout dans les instants de somnolence brève ;
Il sait ce que tu vois quand tu fermes les yeux.
Il aime se moquer des braves cénobites,
Il trouble leur labeur et les lieux qu’ils habitent ;
C’est un ange, pourtant, par la grâce de Dieu.
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Un ange interlope
Se promène en inframonde,
Il attend ses proies.
Grenouille sentencieuse
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Si je m’exprime en paraboles,
C’est pour accroître ton savoir ;
Mais j’évite les hyperboles
Quine peuvent que décevoir.
Je n’ai jamais séché l’école
Pour traverser aucun miroir ;
Je n’aime pas ces jeux frivoles,
Ni les intrigues de couloir.
Mais je crois aux pouvoirs du rêve,
Même à des fulgurances brèves ;
Bien souvent, je ferme les yeux.
Jamais je ne fus cénobite,
Modeste est l’endroit que j’habite,
Il n’y a pas foule en ce lieu..
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Il se fait ermite,
L'amateur de solitude,
Loin des fourmilières.