Sonnet à la même (Madame M. N.) (I)
Quand, par un jour de pluie, un oiseau de passage
Jette au hasard un cri dans un chemin perdu,
Au fond des bois fleuris, dans son nid de feuillage,
Le rossignol pensif a parfois répondu.Ainsi fut mon appel de votre âme entendu,
Et vous me répondez dans notre cher langage.
Ce charme triste et doux, tant aimé d’un autre âge,
Ce pur toucher du coeur, vous me l’avez rendu.Était-ce donc bien vous ? Si bonne et si jolie,
Vous parlez de regrets et de mélancolie.
- Et moi peut-être aussi, j’avais un coeur blessé.Aimer n’importe quoi, c’est un peu de folie.
Qui nous rapportera le bouquet d’Ophélie
De la rive inconnue où les flots l’ont laissé ?
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Alfred de MUSSET
Alfred de Musset (né à Paris le 11 décembre 1810 et mort également à Paris le 2 mai 1857) est un poète et un dramaturge français de la période romantique. Lycéen brillant, Alfred de Musset abandonne vite ses études supérieures pour se consacrer à littérature à partir de 1828-1829. Dès l’âge de 17 ans, il fréquente... [Lire la suite]
Temple de la source
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Ce saint lieu reste ouvert pour les gens de passage,
Ceux qui ne vont pas bien, ceux qui se sont perdus ;
Les oiseaux d’alentour chantent dans les feuillages,
Auxquels, fidèlement, la source a répondu.
Si nos humbles appels sont des dieux entendus,
Nous ne le savons point, ni quel est leur langage ;
Sur ce temple qui fut bâti en d’autres âges,
Sans doute un sortilège est un jour descendu.
La source est douce et fraîche, et puis elle est jolie,
Elle est le vrai remède à la mélancolie,
Elle peut consoler même un oiseau blessé.
Toi, source de sagesse et source de folie,
N’aurais-tu point sauvé la princesse Ophélie
Dont sans raison le coeur se trouva délaissé ?
Propos d’un oiseau de passage
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Aucun de mes discours n’est porteur d’un message,
Ils vont vers l’horizon, tels des marins perdus ;
Comme je suis venu, je m’en vais sans bagages,
À la terre mon corps bientôt sera rendu.
Aux tavernes jadis vous m’avez entendu,
Vous avez pardonné mon maladroit langage ;
Mais chacun d’entre nous se tait dans son grand âge,
Notre bel enthousiasme est bien redescendu.
Ne me regrette point, tavernière jolie,
Ne sombre pas pour moi dans la mélancolie ;
Mon rouge coeur par toi jamais ne fut blessé.
Le bistrot va fermer, ma soif est abolie,
Je prends congé de toi par des phrases polies ;
Jamais ton souvenir je ne vais délaisser.