Songe
Cet Hiver en dormant je songe que ma flore,
Voulant récompenser mes peines et mes pleurs,
Me caresse, me baise, et me promet encore
De me garder le fruit de ces premières fleurs.Ainsi durant la nuit se lève mon aurore,
Afin de m’assurer que les destins meilleurs
Dans cette vision mettaient un ellébore,
Qui purgeant mon esprit guérissait mes douleurs.Mais tandis que ma main à l’arrêter s’emploie,
Ce corps subtil s’écoule, et moi dans cet effort
Je m’éveille en criant : » ô cause de ma joie,Sommeil, l’on vous a cru le frère de la mort,
Mais puisque vos faveurs m’ont fait baiser Silvie,
Je vous crois bien plutôt le père de ma vie ! «
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Pierre de MARBEUF
Pierre de Marbeuf (1596-1645) est un poète baroque français du XVIIe siècle. Né à Sahurs, il fait ses études au collège de La Flèche et vit à Paris de 1619 à 1623. Il étudie le droit en compagnie de Descartes. Auteur de sonnets baroques et du « Recueil de vers » (publié à Rouen en 1628), il met en... [Lire la suite]
Dame de brume
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J’ai rêvé que j’errais sur une mer d’azur
Qui s’étendait auprès d’un lumineux rivage.
La douceur du feuillage et la blancheur des murs
Donnaient un charme immense aux paisibles villages.
Je ne me lassais pas de ce vagabondage,
Car mon esprit, autant que le ciel, était pur ;
Le monde me semblait une charmante image
Où ne se montrait rien de sombre, ni de dur.
Mais je n’eus pas le temps de flotter à loisir
Dans la douceur du bleu, du bienveillant zéphyr :
Au bout de peu d’instants, mon rêve se termine.
Il est là cependant, grâce à ces quelques vers.
Dame de Brume, ayant terni mon univers,
Tu n’as pas obscurci ce dont il s’illumine.
Aérobouc
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Ce bouc s’en va, planant juste au ras de la flore
Et se montre ravi de ces belles couleurs ;
Il monte, il redescend, puis il remonte encore,
Toujours admiratif à la vue de ces fleurs.
Pour agir de la sorte il se lève à l’aurore,
Quand sont les vastes cieux d’une belle pâleur ;
Plus tard, sous le soleil, tout s’avive et se dore,
Beaucoup de malheureux en oublient leur douleur.
Ce charmant animal semble vêtu de soie,
On l’entend souvent rire, il fait tout sans effort ;
À plus d’une chevrette il procure la joie.
Cette soif de plaisir qui dévore son corps,
Par quel enchantement peut-elle être assouvie ?
De fait, peu lui importe, il aime cette vie.