Soir éternel
Dans le pare, les oiseaux se querellent entre eux.
Après la promenade en de sombres allées,
On rentre; on mange ensemble, et tant de voix mêlées
N’empêchent pas les doux regards, furtifs, heureux.Et la chambre drapée en tulle vaporeux
Rose de la lueur des veilleuses voilées,
Où ne sonnent jamais les heures désolées!…
Parfums persuadeurs qui montent du lit creux!…Elle vient, et se livre à mes bras, toute fraîche
D’avoir senti passer l’air solennel du soir
Sur son corps opulent, sous les plis du peignoir.A bas peignoir! Le lit embaume. Ô fleur de pêche
Des épaules, des seins frissonnants et peureux!…
Dans le parc les oiseaux se font l’amour entre eux.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Charles CROS
Charles Cros, né à Fabrezan (Aude) le 1er octobre 1842, originaire d’une famille de Lagrasse (Aude) et mort à Paris le 9 août 1888, est un poète et inventeur français. Passionné de littérature et de sciences, il fut un temps, de 1860 à 1863, professeur de chimie à l’Institut parisien des Sourds-Muets, avant de se... [Lire la suite]
Colloque des pluvians
------------------------
Les pluvians sur la rive ont débattu entre eux.
Ce sont de beaux discours, d'étranges envolées,
Sonores arguments, vocalises mêlées,
D'être orateurs les rend visiblement heureux.
Du crocodile on voit le regard vaporeux
Émettre vers la scène une lueur voilée ;
Il ne dit pas un mot, de sa voix désolée,
La plage à son corps lourd fait un lit dans un creux.
La rivière à leurs pieds s'écoule, toute fraîche,
Le débat se poursuit, jusque fort tard, le soir,
Les arbres riverains sont des fantômes noirs.
Un artiste, auprès d'eux, s'active et se dépêche,
Scrupuleux chroniqueur, dessinateur fiévreux :
Gotlib fait des oiseaux un portrait rigoureux.
Symposium des canards
-----------------------
Les canards ont élu les plus nobles d’entre eux
Dont toujours les débats sont de haute volée ;
Ils savent clarifier les choses emmêlées,
Tout en ne produisant nul argument foireux.
Leurs esprits abreuvés d’un bon vin liquoreux
Peuvent voir la couleur des vérités voilées ;
De beaucoup de tourments leur âme est consolée,
Sans user pour cela de moyens onéreux.
Un pluvian leur transmet quelque nouvelles fraîches,
Ils s’instruisent aussi dans un journal du soir ;
Ils consultent parfois le noble dindon noir.
Le cormoran partage avec eux ce qu’il pêche,
La faisane leur lance un regard amoureux ;
Vous l’avez bien compris, ces canards sont heureux.
Voir
https://paysdepoesie.wordpress.com/2019/08/26/symposium-des-canards/