Soir
La lumière agonise et meurt à tes genoux.
Viens, ô toi dont le front impénétrable et doux
Porte l’accablement des pesantes années :
Douloureuse et les traits mortellement pâlis,
Viens, sans autre parfum dans ta robe à longs plis
Que le souffle des fleurs depuis longtemps fanées.Viens, sans fard à ta lèvre où brûle mon désir,
Sans anneaux, – le rubis, l’opale et le saphir
Déshonorent tes doigts laiteux comme la lune, -
Et bannis de tes yeux les reflets du miroir…
Voici l’heure très simple et très chaste du soir
Où la couleur oppresse, où le luxe importune.Délivre ton chagrin du sourire éternel,
Exhale ta souffrance en un sincère appel :
Les choses d’autrefois, si cruelles et folles,
Laissons-les au silence, au lointain, à la mort…
Dans le rêve qui sait consoler de l’effort,
Oublions cette fièvre ancienne des paroles.Je baiserai tes mains et tes divins pieds nus,
Et nos cœurs pleureront de s’être méconnus,
Pleureront les mots vils et les gestes infâmes.
Des vols s’attarderont dans la paix des chemins…
Tu joindras la blancheur mystique de tes mains,
Et je t’adorerai, dans l’ombre où sont les âmes.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Renée VIVIEN
Renée Vivien, née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 », est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque. Renée Vivien était la fille d’une mère américaine et d’un père britannique fortuné qui mourut en 1886,... [Lire la suite]
Commentaires
Aucun commentaire
Rédiger un commentaire