Silence
La pudeur n’a pas de clémence,
Nul aveu ne reste impuni,
Et c’est par le premier nenni
Que l’ère des douleurs commence.De ta bouche où ton coeur s’élance
Que l’aveu reste donc banni !
Le coeur peut offrir l’infini
Dans la profondeur du silence.Baise sa main sans la presser
Comme un lis facile à blesser,
Qui tremble à la moindre secousse ;Et l’aimant sans nommer l’amour,
Tais-lui que sa présence est douce,
La tienne sera douce un jour.
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René-François SULLY PRUDHOMME
René Armand François Prudhomme, dit Sully Prudhomme, né à Paris le 16 mars 1839 et mort à Châtenay-Malabry le 6 septembre 1907, est un poète français, premier lauréat du Prix Nobel de littérature en 1901. Fils d’un commerçant, René Armand Prudhomme, qui souhaite devenir ingénieur, fait ses études au lycée Bonaparte,... [Lire la suite]
Est-il un filigrane, ô Toile, pour tes pages ?
Le silence en est un, ai-je lu aujourd'hui,
Silence où le regret en douceur s'introduit
Comme un bruit de cascade au profond des ombrages.
*
Le temps, heure après heure, a tissé un voilage
Pour occulter l'éclat dont mes jours et mes nuits
Furent illuminés. Ce charme qui s'enfuit
Laissera-t-il en moi un signe de passage ?
*
Les cicatrices qui sur notre corps perdurent,
Marquent le souvenir des anciennes blessures ;
A force de les voir, on ne les perçoit plus.
*
L'écrit le plus charmant n'est pas toujours lisible,
L'essentiel a pour lot de rester invisible.
Un filigrane est là, personne ne l'a lu.
Physicien danois
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C’est un grand physicien qui médite en silence.
Il fabrique un atome, il en rêve la nuit ;
Les électrons furtifs se déplacent sans bruit,
De tous les neutrinos absorbant la puissance.
Vivant avec les quarks en bonne intelligence,
Amoureux du photon qui jamais ne leur nuit,
Les positrons, heureux près du boson qui luit,
Goûtent de leur noyau la savoureuse essence.
Mais où va donc aller cette troupe ravie ?
À transiter vers quoi consacrent-ils leur vie ?
Ce bizarre univers, serait-ce leur prison ?
Le physicien est là, sa pipe est allumée
Dont bien sereinement s’envole la fumée,
Comme paisiblement s’engourdit sa raison.
Silence d’une grenouille
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Je me tais, je rêve et je pense,
Je médite sur l’infini ;
Le soir, quand le ciel se ternit,
Je contemple l’impermanence.
Ma sagesse est loin d’être immense,
Mais avec l’âge, elle grandit ;
Des mots qu’autrefois j’entendis
Viennent traverser mes silences.
Je progresse sans me presser,
J’évite ainsi de me stresser ;
Je vis ma vie en pente douce.
Même s’il est question d’amour,
Cela se fait pouce par pouce ;
Nulle hâte au long du parcours.
Silence au manoir
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Pas de lieu plus calme, je pense,
Que ce très modeste logis ;
Nul éclat de voix n’y surgit,
Nul prêcheur ses mots n’y dispense.
Perdu dans une plaine immense,
Cet édifice est tout petit ;
Trois ermites s’y sont blottis
Pour y partager leurs silences.
Ils méditent sans trop penser,
Sans rien évoquer d’insensé ;
C’est une vie austère et douce.
Ont-ils jadis connu l’amour
Et ses bienfaisantes secousses ?
Mais qu’en reste-t-il, à ce jour ?