Si vous voyiez mon coeur ainsi que mon visage…
Si vous voyiez mon coeur ainsi que mon visage,
Vous le verriez sanglant, transpercé mille fois,
Tout brûlé, crevassé, vous seriez sans ma voix
Forcée à me pleurer, et briser votre rage.Si ces maux n’apaisaient encor votre courage
Vous feriez, ma Diane, ainsi comme nos rois,
Voyant votre portrait souffrir les mêmes lois
Que fait votre sujet qui porte votre image.Vous ne jetez brandon, ni dard, ni coup, ni trait,
Qui n’ait avant mon coeur percé votre portrait.
C’est ainsi qu’on a vu en la guerre civileLe prince foudroyant d’un outrageux canon
La place qui portait ses armes et son nom,
Détruire son honneur pour ruiner sa ville.
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Théodore Agrippa d'AUBIGNÉ
Théodore Agrippa d’Aubigné, né le 8 février 1552 au château de Saint-Maury près de Pons, en Saintonge, et mort le 9 mai 1630 à Genève, est un écrivain et poète baroque français protestant. Il fut aussi l’un des favoris d’Henri IV, du moins jusqu’à la conversion de celui-ci. Théodore décide alors de rédiger la plus grande... [Lire la suite]
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Soeur de Janus
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Le dieu qu’elle a pour frère arbore deux visages,
Elle possède aussi deux têtes et deux voix ;
Nous l’entendons chanter deux hymnes à la fois,
Capables d’apaiser l’ouragan qui fait rage.
Le goupil en a peur, malgré son grand courage
Ainsi que Sire Lion, des animaux le roi ;
Or, elle est pacifique et respecte la loi,
Car elle est l’oie des dieux, sage comme une image.
Sur elle, Cupidon ne lance point ses traits ;
Nul poète de cour ne vanta ses attraits,
Nul potentat n’en fit son épouse servile.
Elle aime bien, pourtant, le marquis de Cenon,
Et sans doute elle irait jusqu’à porter son nom,
Elle aurait un jardin dans cette bonne ville.
À Samuel Paty
Il n’avait jamais vu les traits de son visage,
Pas plus qu’il ne savait quel ton avait sa voix,
Alors il a trouvé quelqu’un de bonne foi,
Pour le lui désigner et exerça sa rage.
L’autre avait eu le tord de montrer une image,
Un dessin satirique de son prophète roi,
Dans le cadre d’un cours sur une grande loi,
Qui fait qu’à s’exprimer, il n’y a pas d’outrage.
L’assaillant sur son cou fit plus qu’un simple trait,
Puisqu’il trancha le chef, puis transmis son portrait,
Pour jeter la terreur au-delà de la ville.
En dépit des couteaux, des fusils, des canons,
Aux censeurs assassins, Samuel à dit non,
Comme cet enseignant ne soyons pas serviles.
misquette.wordpress.com