Si tu pouvais…
Si tu pouvais savoir toute la tristesse
qui est au fond de mon cœur, tu la comparerais
aux larmes d’une pauvre mère bien malade,
à la figure usée, creuse, torturée et pâle,
pauvre mère qui sent qu’elle va bientôt mourir
et qui déplie pour son enfant le plus petit,
déplie, déplie, pour le lui donner
un jouet de treize sous, un jouet luisant, un jouet.1897.
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Francis JAMMES
Francis Jammes (prononcer [jam] et non [djèms]), né à Tournay (Hautes-Pyrénées) le 2 décembre 1868 et mort à Hasparren (aujourd’hui Pyrénées-Atlantiques) le 1er novembre 1938, est un poète français, également romancier, dramaturge et critique. Il passa la majeure partie de son existence dans le Béarn et le Pays basque,... [Lire la suite]
Une poésie tendre et délicate construite sur l'image de la mère qui personnifie la tristesse au fond du coeur du poète. C'est le chant du cygne: l'instant qui précède al mort, où la vie brille avec plus de vigueur avant de disparaitre.
Si gris que soit un jour, on sait qu'il finira
Et que le lendemain sera joyeux (peut-être).
Ceux qui n'ont aujourd'hui personne dans leurs bras
A l'amour cette année ont chance de renaître.
*
Or, tant que sous nos pieds la terre durera,
Cultivons l'illusion que nous en sommes maîtres.
Rêvons-en chaque soir dans la douceur des draps,
C'est chose qu'ici-bas chacun peut se permettre.
*
Si d'année en année on y croit un peu moins,
Notre espoir diminue et ne disparaît point ;
L'homme est un animal abreuvé d'espérance.
*
Mais quand nous en serons à nos derniers instants,
Quand adieu nous dirons à ce monde inconstant,
Ah, quel soulagement dans cette délivrance !