Si Morne !
Se replier toujours sur soi-même, si morne !
Comme un drap lourd, qu’aucun dessin de fleur n’adorne.Se replier, s’appesantir et se tasser
Et se toujours, en angles noirs et mats, casser.Si morne ! et se toujours interdire l’envie
De tailler en drapeaux l’étoffe de sa vie.Tapir entre les plis ses mauvaises fureurs
Et ses rancoeurs et ses douleurs et ses erreurs.Ni les frissons soyeux, ni les moires fondantes
Mais les pointes en soi des épingles ardentes.Oh ! le paquet qu’on pousse ou qu’on jette à l’écart,
Si morne et lourd, sur un rayon, dans un bazar.Déjà sentir la bouche âcre des moisissures
Gluer, et les taches s’étendre en leurs morsuresPourrir, immensément emmailloté d’ennui ;
Etre l’ennui qui se replie en de la nuit.Tandis que lentement, dans les laines ourdies,
De part en part, mordent les vers des maladies.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Émile VERHAEREN
Émile Adolphe Gustave Verhaeren, né à Saint-Amand dans la province d’Anvers, Belgique, le 21 mai 1855 et mort à Rouen le 27 novembre 1916, est un poète belge flamand, d’expression française. Dans ses poèmes influencés par le symbolisme, où il pratique le vers libre, sa conscience sociale lui fait évoquer les grandes villes... [Lire la suite]
- J'ai cru à tout jamais notre joie engourdie
- Les Meules qui Brûlent
- Les Vêpres
- Les Saints, les Morts, les Arbres et le Vent
- Sois-nous propice et consolante encor...
- S'il était vrai
- La glycine est fanée et morte est...
- Si d'autres fleurs décorent la maison
- Lorsque ta main confie, un soir...
- L'Ombre est Lustrale et l'Aurore Irisée
Commentaires
Aucun commentaire
Rédiger un commentaire